Lundi 28 novembre 2016 1 28 /11 /Nov /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 27

Chap. 6

ardents29

 Même si elle n’aurait pu vivre loin de la mer, Maman n’aimait pas la plage. Maman aimait le sommeil paresseux des bateaux dans le port, les odeurs venues du large, le bleu plus clair du ciel au-dessus des côtes. Mais elle avait en horreur le sable sournois qui se glisse dans les chaussures et s’incruste dans les cheveux, et surtout la promiscuité de tous ces corps à demi nus, étalés au soleil. Maman avait la vocation d’une femme de marin. D’ailleurs, à bien y réfléchir, en épousant papa, c’était un peu ce qu’elle avait choisi, sauf que son mari ne prenait pas la mer mais la route. Du lundi matin au vendredi soir, par tous les temps et à toute saison, il sillonnait le pays et chaque contrat signé était comme une remontée de filet. Maman l’attendait à la maison, ne sortant que pour les provisions quotidiennes à la boucherie, la boulangerie ou la superette du quartier, sans oublier la poissonnerie où elle se rendait chaque jeudi après-midi pour acheter le poisson du lendemain – souvent du chien de mer ou du lieu qu’elle servirait avec des pommes de terre à l’eau et une sauce à la crème fraîche.

En dehors de ces sorties purement ménagères, maman ne quittait guère l’ombre rassurante et bienfaisante du logis.

- Pourquoi tu ne vas pas voir tes copains ? Il faut profiter du beau temps ! me disait-elle quand elle me voyait traîner d’une pièce à l’autre. Ne reste pas dans mes jambes, tu vas me donner le tournis. Allez, file !

Je préparais en toute hâte mon sac de plage et dévalais les escaliers. J’avais quartier libre jusqu’au soir.

Bien sûr, il y aurait la plage, la baignade, les bains de soleil près des belles filles en maillot, mais d’abord et avant tout, il y avait le 17 de la Rue du Bois-Soleil et son appartement du quatrième étage, si près du ciel.

ardents29-3Après avoir musardé quelques jours dans les plaines du nord, le Tour de France avait plongé  plein sud, vers la montagne. Dès mon arrivée, avant même notre premier baiser, Geneviève allumait la radio, tant pour suivre en direct les exploits du peloton sur Europe 1 que pour étouffer les échos de nos ébats. Même si le grand Bahamontès forçait notre admiration, j’étais plutôt Anquetil, tandis que Geneviève avait un faible pour Poulidor qu’elle trouvait moins fier.

Le lundi 29 juin, alors que l’étape du jour menait les coureurs de Thonon-les-Bains à Briançon – la première véritable étape de montagne – Geneviève me fit les honneurs de son grand lit et me dispensa sans compter ma première leçon d’amour. Pour l’occasion, elle avait passé une sorte de combinaison en satin rose frangé de dentelle blanche – j’avais déjà vu des femmes en semblable petite tenue dans les romans-photos de maman. Malgré la moiteur de l’après-midi, elle portait aussi des bas nylon couleur chair, ce qui me parut sur le coup le comble de l’érotisme féminin.

à suivre...

 

 

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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