Mardi 16 décembre 2014 2 16 /12 /Déc /2014 10:27

Le chapitre 12 est assez long, aussi vous sera-t-il proposé en trois parties.

Philippe # 12 (1ère partie)

 

chambre12-4

Je sors de la boutique sans me retourner, au creux de ma paume la chaleur du gardien de ces lieux infuse encore. Plus je pense, plus le venin se diffuse.

Comment offrir à ses yeux le cœur de la chair, l'ultime intime ?

Je me sens démuni, elle m'est si mystérieuse.

Le voyage retour est étrangement court, d'habitude je remarque le virage en épingle devant la place de l'église.

Déjà la maison est en vue, les fenêtres sont grand ouvertes pour happer le peu de fraîcheur que la nuit consentira à nous offrir.

Il fait une chaleur excessive, propice aux pensées les plus audacieuses.

Vivement que le soleil disparaisse afin que l'on respire.

Je coupe le moteur, sors de la voiture, pousse la grille, traverse le champ de graviers et ferme la porte, enfin.

- Bonsoir !

Aucun écho, la musique provenant de la chambre couvre le son de ma voix.

Je dépose ma sacoche sur la table du salon et remarque, négligemment posés sur le canapé, ses sous- vêtements noirs.

C'est si inhabituel que l'envie de savoir, de voir sans être vu, s'empare de moi.

Doucement, se réveille l'instinct du chasseur que je croyais endormi, ils sont si rares ces moments où je peux la surprendre à l'état brut, en pleine intimité, vulnérable et forte à la fois.

chambre12-1Je me souviens comme si c'était hier.

Nous partagions depuis peu un minuscule appartement, revenu plus tôt que prévu du travail, je fis hello sans résonance.

À peine avais-je fermé la porte que, de la salle de bain, me parvint le son du ruisseau de la douche.

Je crus percevoir, je les entendis ensuite ses râles d'abord courts, furtifs, étouffés puis le tempo se déclina crescendo.

Promptement, silencieux tel un félin à l'affût, je me suis précipité vers la porte pour y coller mes yeux pour voir et je vis.

Je vis la fenêtre grande ouverte, le rideau à peine tiré peut-être, offerte à l'aléa.

Le corps nu, tendu épousant l'émail de la baignoire.

Ses yeux fermés pensant à qui, songeant à quoi ?

Une main sans égard écartant sa corolle, pour que le jet salvateur dirigé par l'autre puisse éteindre le feu sacré.

Après une litanie de gémissements, vinrent les spasmes du plaisir.

Au sixième elle explosa d'un cri libérateur et d'une impudeur totale.

Il venait des profondeurs de son corps volcanique.

Qu'elle devait être désirable sous tension, haletante de jouissance !

Je fus pris de l'envie d'ouvrir la porte et de me rendre à sa source pour laper ses suintements et m'enivrer de son miel avant de me planter en elle et m'y déverser en torrent.

Je n'en fis rien, ce qu'elle venait de m'offrir n'avait pas de prix.

Elle arrêta le flux de la douche, je l'entendis pousser ses derniers halètements puis le silence, un silence fracassant.

Il était temps pour moi de partir aussi discrètement que j'étais arrivé pour ne pas briser le charme, comme si la petite souris n'avait jamais existé.

Qu'elle devait être belle, comme j'aurais aimé lécher sa sueur et m'enivrer de son miel.

Cet épisode mémorable, je le retranscrirais dans mon récit.

Maintenant, je suis à un bond de la porte de notre chambre.

Tel un chat à l'affût je m'approche de l'étroite fente pour la découvrir.chambre12-2

Elle n'est pas nue mais assise de dos, le visage penché vers son miroir.

Avec application, avec la soie d'un pinceau, elle recouvre ses lèvres d'un rouge sang de bœuf.

Dans le reflet, je distingue son regard charbonneux et ses joues bois de rose.

Deux plumes de paon ornent le turban qui ceint sa crinière. Par vagues sa crinière d'or caresse sa nuque, tombe sur ses épaules et se jette au bas de son dos.

Elle est si belle, si désirable.

J'aimerais ne pas la connaître, ignorer encore plus d'elle pour mieux la ressentir.

Être un inconnu l'observant en cachette d'une fenêtre voisine.

Dans le silence d'une mansarde, je guetterais chacune de ses apparitions.

À l'aide de jumelles, je m'approcherais au plus prés de son corps pour en connaître chaque détail, chaque contour, apparition, offrande.

Je lui inventerais un prénom, une vie, un âge, une voix, des odeurs, la couvrirais de parfums, de corps de femmes et d'hommes, me permettrais tous les travers de la liberté.

L'emballerais dans du papier désir.

Plus tard, je la suivrais, la sentirais, la frôlerais dans une boulangerie ou ailleurs, me ferais remarquer d'elle et tenterais de la séduire pour la ravir à ce compagnon qui manque si cruellement d'audace et d'assurance.

La musique vient de s'arrêter et ma sacoche de glisser du canapé.

- Philippe, c'est toi ?

- Oui je viens de rentrer, tu n'es pas encore partie ?

- Non et je suis en retard, Nathalie ne va pas tarder.

Je suis dans la chambre,

- Tu es renversante !

- Merci, c'est vrai tu me trouves mignonne ? J'ai retiré les bas je trouvais que ça faisait trop...

- Trop ?

- Voyante, enfin salope,

chambre12-3Ces mots dans sa bouche la rendent plus désirable encore, oui ma chérie si tu m'étais inconnue en te voyant ainsi vêtue avec ou sans bas je le penserais. Elle me tend un long collier de perles blanches,

- Tu m'aides ?

Elle relève ses cheveux, en incline la masse sur le côté et découvre son dos largement dénudé par un V profond, elle ne porte pas de soutien-gorge.

Je n'aurais qu'à tendre la main pour la faire glisser sur sa peau fine et délicate, elle n'est plus qu'à un jet de sperme. Avec fébrilité j'actionne le fermoir.

Toujours assise, elle poursuit son jeu d'artifice en accrochant à ses lobes de longues boucles ornées de strass et cristaux carmins.

Elle s'empare alors du petit flacon, sur son majeur imprègne le parfum et dessine un arc-en-ciel de Chanel tout au long de sa nuque.

Ne rien perdre de ces instants irréels.

Ce bracelet qui s'enroule autour de son bras gauche, ses ongles vernis d'un rouge audacieux.

- Veux-tu que je mette autre chose de plus sage et classique ? Tu n'as qu'un mot à dire.

- Non surtout pas, ne change rien, tu es délicieuse ce serait dommage, ça me plaît de te sentir libre. Tant pis et tant mieux si je frémis à l'idée qu'un autre homme te séduise et te ravisse.

- Il n'y aura que des femmes et ne t'inquiète pas, je t'aime, j'ai juste envie, besoin de liberté en ce moment, Nos retrouvailles n'en seront que plus fortes.

- Tu es renversante de beauté et je doute que tu fasses baisser la température ainsi vêtue.

- Ne dis pas de bêtises, et toi ce soir que vas-tu faire ? Tu devrais également en profiter pour t'amuser.

- Je ne sais pas encore, je n'ai rien de prévu de particulier.

Tout paraît fragile, ténu, un simple souffle suffirait à briser le sortilège.

Elle se lève alors et m'offre sa face, elle est décolletée jusqu'aux chevilles, impossible d'ignorer la naissance de ses seins, je n'aurais qu'à tendre la main pour saisir l'une ou l'autre de ses délicieuses pêches couverte de rosée.

Cette robe révèle plus qu'elle ne cache, chaque mouvement la dévoile en un subtil jeu de cache-cache.

La hauteur de ses talons lui donne une cambrure parfaite, rarement vêtement aura aussi bien mis en lumière son corps de tanagra à la taille mince et aux hanches étroites. Elle semble fragile et forte à la fois.

Un coup de klaxon devant la grille met fin à l'illusion, j'aurais tant aimé en profiter encore.

- C'est Nathalie, je dois filer, je te souhaite une belle soirée et ne te tourmente pas trop à mon sujet.

Elle dépose sur mes lèvres un léger baiser pour ne pas endommager son maquillage, se penche, m'offre au passage le dévoilé du sein droit à la limite du mamelon, saisit un châle anthracite qu'elle revêt.

- Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage, tu n'es pas obligé,,,, je t'aime, Merci de m'offrir cette liberté, j'en avais besoin.

- Moi aussi je t'aime, tu sais j'aimerais bien m'inquiéter de nouveau.

Un sourire et d'une démarche féline elle dandine son petit cul nerveux jusqu'à la porte, j'entends maintenant le claquement des talons dans l'escalier de bois puis son pas sur les graviers.

Du haut de la fenêtre je la contemple.

Arrivée à la grille, elle se retourne pour m'envoyer un baiser, Effacé le visage lisse de petite fille sage, je l'imagine aller rejoindre la troupe des Ziegfelfd Folies pour une folle nuit de revue.

Nathalie me salue de la main, à son coté une passagère inconnue. Monika s'engouffre dans le véhicule et entre chienne et louve s'éloigne.

 

Que la nuit te soit douce ma belle, appartiens-toi ce soir.

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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