Jeudi 25 septembre 2014 4 25 /09 /Sep /2014 09:59

En mars 2010, je vous avais déjà proposé deux extraits de ce magnifique roman. Après une récente relecture, je ne peux résister au plaisir de vous en offrir deux nouveaux passages

Donleavy, "les Béatitudes bestiales de Balthazar B"

James Patrick  DONLEAVY, Les béatitudes bestiales de Balthazar B

Paru aux USA en 1968, et en France en 1973 aux éditions Denoël ( texte traduit par Suzanne Mayoux). Le présent extrait est tiré de l’édition Folio n° 987 de 1977, 588 pages

 ( dessin de couverture signé Siné )

Donleavy est surtout connu pour son roman « L’homme de Gingembre » dont je vous recommande chaudement la lecture. Il est né en 1926 à New York, mais réside en Irlande.  

 b-b-b

Pages 119-120

Balthazar se trouve seul  à Paris en compagnie de Miss Hortense, sa nurse anglaise qu’il appelle familièrement Bella. Balthazar a à peine 14 ans, elle qui en a 27, va l’initier à l’amour. Dans la scène qui suit, elle vient de lui avouer qu’elle l’aime. J'attire votre attention sur l'écriture de Donleavy qui n'utlise pour ce roman que le point et la virgule, et dont le narrateur est alternativement le "je" ou le "il".

«  - Non. Ne t’en va pas. Reviens ici.

balthazar1Balthazar se retourna, il posa les livres sur la chaise. Il retourna vers le lit. Et comme ses genoux en touchaient le bord, la main de Bella se tendit pour éteindre la lampe. À tâtons,  elle lui prit sa main à lui et l’attira doucement. Ses doigts dans les cheveux courts de ma nuque, et je sens leur fraîcheur s’insinuer derrière mon oreille. En basculant dans ses bras, je l’entends murmurer, ah, viens contre moi. Ses baisers sur ma bouche. Sur mes joues, sur mes yeux. La langue le long de mon cou et tout au fond de mon oreille où j’entends sonner toutes les cloches de Paris. Et des chœurs tempétueux chantent bien que ce ne soit pas encore la messe ni dimanche mais ses longs bras soyeux, ses poignets lisses et ses mains douces et fines. Son souffle se hache dans mes poumons. Et moi, je ne suis presque plus capable de respirer. Ses dents mordent durement ma bouche. Sa main sur mon cou pour dénouer ma cravate. Elle-même se dégage des draps. Ses cheveux en mèches d’ombre pendent autour de sa tête. Un jour qu’assise dans les jardins elle se grattait la cuisse, je regardais ses ongles laisser de longues traces blanches sur sa peau dorée. Des doigts lointains défont un par un les boutons de ma chemise. Et des lèvres proches baisent ma poitrine. Bella, dis-moi ce qu’il faut faire. Rien rien. Déshabille-toi simplement. Quelle chose étonnante. Toutes ces années à rêver. Entré un jour dans la buanderie pour toucher en secret son linge qui séchait, de plus près que je n’espérais jamais arriver. Et ce soir, allongé de tout mon long contre son corps, je le sens se presser contre le mien, comme deux corps tout à soi. Un ici, un qu’on étreint. Belle, ce qu’on fait, est-ce que c’est ça faire l’amour. Oui, oui. Dépêche-toi de m’expliquer. Tu verras, tu verras. Je vois. Bella assise sur mon cerveau qui croque une noix de cajou. Bella qu’est-ce que je dois faire. Rien, rien pour le moment. (…) Et maintenant je touche. Tout entière cette récompense la plus précieuse. Du sommet de son crâne au bout de ses orteils. Je peux promener ma main partout sur toi si lisse. Oui tu peux, tu peux, viens sur moi. Bella, Bella, ça gicle de moi, ça ne veut plus s’arrêter. Il y en a partout sur toi. Ah, ça ne fait rien, mon chéri, maisse-le couler sur moi, ne t’inquiète pas. Bella dis-moi ce que j’ai fait. C’est très bien. Mais j’aurais dû être à l’intérieur de toi. Oui mais c’est très bien, ne t’en fais pas. »

 balthazar

Pages 128-129. Pendant les jours qui suivent, Balthazar et Bella poursuivent leur folle aventure amoureuse.

balthazar2«  Nous sommes rentrés en faisant la course tout le long du chemin jusque dans l’escalier de la maison et sa chambre à elle. Bella, est-ce que c’est ça qu’ils font. Quand je mets ma main ici pour toucher comme ton sein est gonflé au-dessus du reste de ton corps. Et je ne sais pas encore ce que tu as là en bas dans le secret de tes poils. Oui, mon chéri, c’est ce qu’ils feraient. Ils me serreraient dans leurs bras, seulement c’est moi qui te serre dans les miens. Et ils feraient ce que je vais te dire. Viens sur moi Balthazar. Sur moi. Comme ça. Pour rien au monde je ne voudrais que tu sois eux. Tu es trop adorable. Tu es mon ravissant petit homme à moi. Mets-le entre mes jambes. Là. Mon dieu qu’il est dur. Je vais te guider. Ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas. Mon dieu, ça y est, ça y est. Ah, Balthazar. Tu l’as enfoncé en moi. Toutes les sensations qu’on n’aurait jamais pu deviner d’avance. D’un miracle étonnant éprouvé là. Dans cette partie d’elle. Etait-ce elle. Comme son visage, ses dents, ses cheveux. Ces lèvres qui me parlent de si près. Sortir de ma propre conscience pour passer dans la sienne. Hello où est le Saint Graal. Comme de rouler sur un pré dans l’odeur de foin humide en contemplant un ciel de fleurs de marronnier. Partout des planètes si blanches. Bella. Est-ce que je l’ai bien fait. Oui, oui. Oh, Bella, oh, Bella, ça gicle de moi, tiens-moi fort s’il te plaît. Oui, oui, mon chéri, jouis. Bella, ne me laisse pas mourir. S’il te plaît. Perdre tout mon sang. Oh, Balthazar, je ne te laisserai pas mourir, je ne te laisserai pas perdre ton sang, mon dieu, moi aussi je meurs. Dans tous les creux, toutes les niches, toutes les ombres des draps. Rejetés loin des deux corps, le fauve et le pâle. Sa main effleure mes vertèbres et les compte. Je pose le bout de mes doigts sur l’os tout dur derrière sa petite oreille. Ton visage. Bella, tu as les yeux fermés. Et un sourire tout autour de ta bouche. Tout est si calme à présent. À part un long cri à nouveau jeté par le philosophe des rues. En quête du Graal. Tu as levé les épaules et tu as gémi, gémi. Bella, ça ne t’a pas rendue malheureuse, dis. Non, non, pas malheureuse, espèce de nigaud. J’avais peur que tu aies mal, tu t’es toute raidie et tu as tremblé. Mon amour c’est comme ça quand ça se produit, avec plein de bonheur. Alors pourquoi as-tu des larmes dans les yeux. »

balthazar3

 

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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