Mardi 16 avril 2013 2 16 /04 /Avr /2013 14:00

Alexandre Jardin, « Le Zèbre » (Gallimard, 1988)

Collection Folio n° 2185

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Pages 92-93 : Camille, la quarantaine, professeur de lettres et épouse du Zèbre,  a accepté un rendez-vous secret avec un inconnu qui lui a demandé par courrier de l’attendre dans une chambre d’hôtel miteux. Elle est persuadée que l’inconnu n’est autre qu’un de ses élèves prénommé Benjamin.

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« Elle s’allongea sur le lit pour reprendre ses esprits et son souffle ; quand tout à coup elle vit la poignée remuer.

zebre0L’Inconnu apparut dans l’embrasure, masqué par une cagoule, croyant sans doute maintenir ainsi le mystère de son identité. Cette attention émut Camille. Elle n’en trouva benjamin que plus troublant. Muet, il avança ses mains gantées et lui noua sur les yeux un épais bandeau noir. Un à un, les boutons-pression de son corsage sautèrent, avec une exquise lenteur. Frémissante, Camille se laissa dévêtir entièrement. Il ôta ensuite ses gants et frôla ses hanches. Enfin, les belles mains de Benjamin jouaient sur sa peau, arpentant son anatomie du bout des doigts. Sans un mot, il la couvrit de caresses tremblées, interminables et enveloppantes.

Camille essaya de le déshabiller ; mais il lui fit sentir qu’il pouvait s’acquitter lui-même de cette tâche, et s’exécuta. Il la repoussa à nouveau quand elle tenta à tâtons, de l’attirer contre son sein. Elle comprit alors que Benjamin voulait éviter tout contact susceptible de l’identifier. Conciliante, elle renonça à ses velléités de câlins.

Ils s’aimèrent deux fois, d’une manière peu recommandée par les missionnaires. Au prix d’acrobaties palpitantes et scabreuses, ils atteignirent l’un et l’autre les stratosphères du septième ciel  sans que Benjamin eût jamais pesé sur Camille. Le diable dut y prendre du plaisir.

Rassasiée, elle l’entendit remettre ses vêtements et s’éclipser lentement. Après ce corps à corps, elle savait déjà qu’elle succomberait s’il la convoquait à nouveau. Elle était prête à affronter cent fois les clins d’œil vicelards du patron de l’hôtel et la crasse de la chambre 7 pour retrouver la volupté de ces étreintes aveugles. Seule, elle dénoua son bandeau et enfila son chemisier. »

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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