Lundi 27 avril 2009 1 27 /04 /Avr /2009 16:02

Baiser dans une cabine d’essayage

 

C’était une belle journée de fin juin. Les terrasses des cafés de la Place de la République étaient prises d’assaut et j’attendais Virginie. Je l’ai vue arriver de loin, gracieuse comme toujours dans sa petite rouge coquelicot, avec ses seins pointus, ses hanches douces, ses jambes nues, ses trente-deux ans d’insouciance… Mais, en cet après-midi ensoleillé, elle avait le bras droit en écharpe.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

- M’en parle pas ! Une mauvaise chute de cheval… J’en ai pour deux semaines !

- Comment tu vas faire pour les soldes ?

- C’est pour ça que je t’ai demandé de venir : on va les faire ensemble, tu vas m’aider.

L’idée ne m’enchantait guère. D’une manière générale, je détestais les boutiques de mode, et plus encore au moment des soldes. Mais à Virginie, j’aurais été incapable de dire non.

C’est dans un magasin de chaussures, alors qu’à genoux devant elle je lui enfilais des bottines en nubuck violet, que j’entrevis pour la première fois sa petite culotte blanche sous sa robe coquelicot. Et qu’ainsi m’est venu le désir de baiser avec Virginie… Elle marchait devant, je portais les sacs. On a fait presque toutes les boutiques de la rue pietonne, en zigzag. Avec toujours la même quête : fringues 100% coton, taille 38-40, de couleurs vives. Passage en cabine d’essayage avec quatre ou cinq modèles. Je faisais office d’assistant préposé aux fermetures Eclair, boutonnières et boucles de ceinture. À peine le rideau tiré, je dégrafais sa robe coquelicot qui tombait en bouchon à ses pieds. Virginie se tenait là, tout près de moi, en soutien-gorge et slip assortis, un peu empruntée avec son bras en écharpe, mais c’est ce qui la rendait si désirable !

- Qu’est-ce que tu en penses ?

Je répondais que ça lui allait très bien, que c’était mignon. Evidemment, elle parlait de la longue jupe indienne plissée qu’elle venait de passer ; moi, je l’entretenais de ses seins et surtout de son beau cul moulé dans sa culotte blanche.

Les clientes qui nous voyaient entrer ou sortir ensemble des cabines d’essayage nous regardaient d’un drôle d’air, comme si elles ne prenaient pas au sérieux le bras en écharpe de Virginie. Les vendeuses n’osaient rien dire, mais n’en pensaient pas moins : du moment qu’on achetait…

Au bout de deux heures de shopping intense, je connaissais le corps de Virginie presque sur le bout des doigts : elle avait un grain de beauté sur la hanche droite ; sur l’épaule gauche, la cicatrice de ses vaccinations enfantines formait un minuscule cercle de peau plus claire et meurtrie ; un fin duvet sombre montant de sa raie culière courait le long de sa colonne vertébrale…

Tard dans l’après-midi, alors qu’elle allait essayer un adorable ensemble imprimé noir et blanc, j’ai posé la paume de la main sur ce fin duvet, comme pour en éprouver la chaleur veloutée. Virginie m’a laissé faire, sans autre réaction que son regard vert posé droit dans le mien.

- On va chez C*** ( Elle a donné le nom de la boutique  la plus chic du quartier)

- Dis donc, tu as les moyens ! Moi qui croyais que tu n’aimais pas ce genre de magasin !

- Peut-être, mais les cabines d’essayage sont assez spacieuses et en général, ils mettent de la musique sympa.

Effectivement, même si les employées avaient l’air plutôt pète-sec – du genre «on ne met pas la pagaille dans les portants » - on pouvait y écouter du bon reggae bien chaloupé, façon Warrior King. Il n’y avait pas foule. Virginie a tranquillement choisi trois robes, des petits trucs très légers et très chers même en solde. Il n’y avait pas que la musique qui était sympa, les cabines d’essayage n’étaient pas mal non plus, spacieuses comme l’avait dit Virginie, avec une banquette en velours et surtout une porte pleine qui fermait au verrou.

Ses trois robes, Virginie ne les a même pas essayées. Une fois la porte refermée, on s’est mis tous les deux à poil. Elle avait vraiment un beau cul et des seins certes un peu tombants mais attendrissants. En un rien de temps, j’étais déjà en elle, au plus profond. Les portemanteaux et la banquette permettaient de varier les positions. On s’est léchés, sucés, tétés, caressés partout. On baisait reggae, au rythme compulsif des basses. C’est venu trop vite et mon sperme a éclaboussé une des robes posées sur la banquette.

- C’est bien fait pour eux, a rigolé Virginie. Il ne sont pas obligés d’être si chers !

On n’a rien acheté et remis les trois robes en place, ravis de notre bon coup, essayant d’imaginer la tête déconfite de la cliente qui découvrirait les dégoulinures de mon foutre frais sur la jolie robe du 38, à 250 euros, justement celle qu’elle convoitait, la dernière en stock…  


© Michel Koppera, avril 2009

 
Le premier dessin est de Hans Bellmer ( vous l'auriez reconnu sans que je vous le dise) les deux suivants sont signés Zig Brenner 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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