Jeudi 9 avril 2009 4 09 /04 /Avr /2009 09:01

Baiser à l’hôtel

 

Comme tous les soirs, de retour du travail, j’ouvre notre boîte mail.

- Valérie, tu te souviens de Stéphane ? Il vient de s’installer à Barcelone, avec une certaine Carmela… Ils vont fêter ça, dans deux semaines… On est invités. Qu’est-ce que tu en dis ?

Valérie est déjà derrière moi, la main sur mon épaule, à relire le mail. Puis, elle file consulter son agenda, plus précisément le petit calendrier où, chaque mois, elle marque scrupuleusement d’une croix rouge les cinq jours de ses règles. Elle réfléchit.

- C’est possible… On dormira à l’hôtel ?

Ce n’est pas une question, mais un souhait. Elle sait qu’il y a près de neuf cents kilomètres de route. Certes, on pourrait faire ça d’une traite, avec juste quelques haltes sur des aires d’autoroute, mais…

C’est Valérie qui se charge de la réservation. Mieux vaut être prévoyant : ce sera un week-end de printemps propice aux visites familiales et transhumances balnéaires. Souvent, elle nous choisit un hôtel en bordure de rocade, au cœur d’une zone commerciale où les parkings sont vastes, le confort des chambres formaté et sans surprise ; parfois, elle opte pour un hôtel de centre ville, au mobilier plus rustique, mais aux chambres spacieuses avec de hauts plafonds et d’épais rideaux de velours cramoisi.

Le jour du départ, Valérie joint à son sac de voyage un vanity-case de couleur rouge, à serrure codée, qu’elle ne dépose pas dans le coffre mais à ses pieds, devant son siège.

Les kilomètres et les paysages défilent…

Au coucher du soleil, elle me guide dans un dédale de voies à sens unique, de ronds points entourés de forêts de panneaux indicateurs, puis elle aperçoit enfin l’enseigne lumineuse de l’hôtel d’un vert fluorescent et elle sourit.. Car l’hôtel ce n’est pas seulement une nuit de sommeil, c’est aussi un dîner en tête à tête, un petit déjeuner copieux, un lit qu’on laissera défait…

À peine dans la chambre, Valérie se précipite aux toilettes. Soulagée, elle inspecte les placards vides où pendouillent trois cintres, ouvre les tiroirs des chevets, allume toutes les lumières, met la télé en marche, se vautre sur le lit dont elle vérifie le moelleux et le silence en y dansant comme sur un trampoline… Par la fenêtre entrouverte, on entend le grondement sourd et continu de l’autoroute où passent des camions.

Puis, soudain, Valérie s’empare de son vanity-case à serrure codée et passe dans la salle de bains. Je somnole devant les infos régionales où il se passe des événements étranges dans des villes dont j’ignorais l’existence et où des gens parlent de choses graves avec un accent exotique. Je finis par m’assoupir et reprendre la route en rêve.

- On va manger ? Je suis prête !

Où avait-elle caché cette adorable petite robe noire que je ne lui ai jamais vue ? Et ces bas soyeux, ces jolies chaussures ? Elle est maquillée aussi, avec des lèvres appétissantes et des yeux de velours.

- T’as pas faim ? insiste-t-elle.

De quoi parle-t-elle ? De steak-frites ou de son cul ? Les deux mon capitaine ! La salle du restaurant est à moitié vide. Deux familles intimidées, quelques couples et des hommes seuls en costume cravate.

À table, Valérie commence par prendre un Martini, puis se gave à loisir de crudités au buffet des entrées. Elle enchaîne avec l’andouillette du chef et sa garniture de saison, boit deux verres de beaujolais, retourne au buffet pour les desserts et termine par un expresso et son petit chocolat noir. Des hommes en costume cravate n’arrêtent pas de lui reluquer les cuisses… Sur le parking, elle fume une dernière cigarette avant de regagner la chambre.

De son vanity-case rouge à serrure codée, Valérie extrait un tube de gel superlubrifiant, une boîte de capotes spécial exciting et un petit œuf vibrant à piles rose-bonbon. La voilà bientôt qui prend des poses lascives au bord du lit, en face du grand miroir mural placé là par bonheur. Son reflet ne lui ressemble pas. À l’hôtel, Valérie est une autre femme ; nous faisons des choses inconvenantes. On entend les ébats des autres couples dans les chambres contiguës, on guette malgré nous le grincement des sommiers malmenés, les halètements des femmes possédées, les rugissements des hommes en rut, le chant des robinets…. Valérie demande que je l’encule, elle y prend même du plaisir. À l’hôtel, elle a le trou du cul plus souple, plus détendu que d’ordinaire. On jouit comme ça plusieurs fois dans la nuit. Et, à chaque fois, on entend les voisins qui se reprennent aussi.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, on observe du coin de l’œil les couples attablés et on tente de les reconnaître. Et si c’était cette grosse dame blonde dont les orgasmes à répétition faisaient trembler les rideaux ? Ou peut-être ce jeune couple là-bas, avec leurs deux enfants, aux gestes dociles ? On nous regarde aussi, à la dérobée.

Valérie a refermé son vanity-case rouge et verrouillé la serrure codée. Elle emporte en souvenir les mini savonnettes, un flacon de shampoing et une petite serviette éponge blanche empesée de foutre.

 

© Michel Koppera, avril 2009

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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