chambre obscure

Mardi 16 décembre 2014 2 16 /12 /Déc /2014 10:27

Le chapitre 12 est assez long, aussi vous sera-t-il proposé en trois parties.

Philippe # 12 (1ère partie)

 

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Je sors de la boutique sans me retourner, au creux de ma paume la chaleur du gardien de ces lieux infuse encore. Plus je pense, plus le venin se diffuse.

Comment offrir à ses yeux le cœur de la chair, l'ultime intime ?

Je me sens démuni, elle m'est si mystérieuse.

Le voyage retour est étrangement court, d'habitude je remarque le virage en épingle devant la place de l'église.

Déjà la maison est en vue, les fenêtres sont grand ouvertes pour happer le peu de fraîcheur que la nuit consentira à nous offrir.

Il fait une chaleur excessive, propice aux pensées les plus audacieuses.

Vivement que le soleil disparaisse afin que l'on respire.

Je coupe le moteur, sors de la voiture, pousse la grille, traverse le champ de graviers et ferme la porte, enfin.

- Bonsoir !

Aucun écho, la musique provenant de la chambre couvre le son de ma voix.

Je dépose ma sacoche sur la table du salon et remarque, négligemment posés sur le canapé, ses sous- vêtements noirs.

C'est si inhabituel que l'envie de savoir, de voir sans être vu, s'empare de moi.

Doucement, se réveille l'instinct du chasseur que je croyais endormi, ils sont si rares ces moments où je peux la surprendre à l'état brut, en pleine intimité, vulnérable et forte à la fois.

chambre12-1Je me souviens comme si c'était hier.

Nous partagions depuis peu un minuscule appartement, revenu plus tôt que prévu du travail, je fis hello sans résonance.

À peine avais-je fermé la porte que, de la salle de bain, me parvint le son du ruisseau de la douche.

Je crus percevoir, je les entendis ensuite ses râles d'abord courts, furtifs, étouffés puis le tempo se déclina crescendo.

Promptement, silencieux tel un félin à l'affût, je me suis précipité vers la porte pour y coller mes yeux pour voir et je vis.

Je vis la fenêtre grande ouverte, le rideau à peine tiré peut-être, offerte à l'aléa.

Le corps nu, tendu épousant l'émail de la baignoire.

Ses yeux fermés pensant à qui, songeant à quoi ?

Une main sans égard écartant sa corolle, pour que le jet salvateur dirigé par l'autre puisse éteindre le feu sacré.

Après une litanie de gémissements, vinrent les spasmes du plaisir.

Au sixième elle explosa d'un cri libérateur et d'une impudeur totale.

Il venait des profondeurs de son corps volcanique.

Qu'elle devait être désirable sous tension, haletante de jouissance !

Je fus pris de l'envie d'ouvrir la porte et de me rendre à sa source pour laper ses suintements et m'enivrer de son miel avant de me planter en elle et m'y déverser en torrent.

Je n'en fis rien, ce qu'elle venait de m'offrir n'avait pas de prix.

Elle arrêta le flux de la douche, je l'entendis pousser ses derniers halètements puis le silence, un silence fracassant.

Il était temps pour moi de partir aussi discrètement que j'étais arrivé pour ne pas briser le charme, comme si la petite souris n'avait jamais existé.

Qu'elle devait être belle, comme j'aurais aimé lécher sa sueur et m'enivrer de son miel.

Cet épisode mémorable, je le retranscrirais dans mon récit.

Maintenant, je suis à un bond de la porte de notre chambre.

Tel un chat à l'affût je m'approche de l'étroite fente pour la découvrir.chambre12-2

Elle n'est pas nue mais assise de dos, le visage penché vers son miroir.

Avec application, avec la soie d'un pinceau, elle recouvre ses lèvres d'un rouge sang de bœuf.

Dans le reflet, je distingue son regard charbonneux et ses joues bois de rose.

Deux plumes de paon ornent le turban qui ceint sa crinière. Par vagues sa crinière d'or caresse sa nuque, tombe sur ses épaules et se jette au bas de son dos.

Elle est si belle, si désirable.

J'aimerais ne pas la connaître, ignorer encore plus d'elle pour mieux la ressentir.

Être un inconnu l'observant en cachette d'une fenêtre voisine.

Dans le silence d'une mansarde, je guetterais chacune de ses apparitions.

À l'aide de jumelles, je m'approcherais au plus prés de son corps pour en connaître chaque détail, chaque contour, apparition, offrande.

Je lui inventerais un prénom, une vie, un âge, une voix, des odeurs, la couvrirais de parfums, de corps de femmes et d'hommes, me permettrais tous les travers de la liberté.

L'emballerais dans du papier désir.

Plus tard, je la suivrais, la sentirais, la frôlerais dans une boulangerie ou ailleurs, me ferais remarquer d'elle et tenterais de la séduire pour la ravir à ce compagnon qui manque si cruellement d'audace et d'assurance.

La musique vient de s'arrêter et ma sacoche de glisser du canapé.

- Philippe, c'est toi ?

- Oui je viens de rentrer, tu n'es pas encore partie ?

- Non et je suis en retard, Nathalie ne va pas tarder.

Je suis dans la chambre,

- Tu es renversante !

- Merci, c'est vrai tu me trouves mignonne ? J'ai retiré les bas je trouvais que ça faisait trop...

- Trop ?

- Voyante, enfin salope,

chambre12-3Ces mots dans sa bouche la rendent plus désirable encore, oui ma chérie si tu m'étais inconnue en te voyant ainsi vêtue avec ou sans bas je le penserais. Elle me tend un long collier de perles blanches,

- Tu m'aides ?

Elle relève ses cheveux, en incline la masse sur le côté et découvre son dos largement dénudé par un V profond, elle ne porte pas de soutien-gorge.

Je n'aurais qu'à tendre la main pour la faire glisser sur sa peau fine et délicate, elle n'est plus qu'à un jet de sperme. Avec fébrilité j'actionne le fermoir.

Toujours assise, elle poursuit son jeu d'artifice en accrochant à ses lobes de longues boucles ornées de strass et cristaux carmins.

Elle s'empare alors du petit flacon, sur son majeur imprègne le parfum et dessine un arc-en-ciel de Chanel tout au long de sa nuque.

Ne rien perdre de ces instants irréels.

Ce bracelet qui s'enroule autour de son bras gauche, ses ongles vernis d'un rouge audacieux.

- Veux-tu que je mette autre chose de plus sage et classique ? Tu n'as qu'un mot à dire.

- Non surtout pas, ne change rien, tu es délicieuse ce serait dommage, ça me plaît de te sentir libre. Tant pis et tant mieux si je frémis à l'idée qu'un autre homme te séduise et te ravisse.

- Il n'y aura que des femmes et ne t'inquiète pas, je t'aime, j'ai juste envie, besoin de liberté en ce moment, Nos retrouvailles n'en seront que plus fortes.

- Tu es renversante de beauté et je doute que tu fasses baisser la température ainsi vêtue.

- Ne dis pas de bêtises, et toi ce soir que vas-tu faire ? Tu devrais également en profiter pour t'amuser.

- Je ne sais pas encore, je n'ai rien de prévu de particulier.

Tout paraît fragile, ténu, un simple souffle suffirait à briser le sortilège.

Elle se lève alors et m'offre sa face, elle est décolletée jusqu'aux chevilles, impossible d'ignorer la naissance de ses seins, je n'aurais qu'à tendre la main pour saisir l'une ou l'autre de ses délicieuses pêches couverte de rosée.

Cette robe révèle plus qu'elle ne cache, chaque mouvement la dévoile en un subtil jeu de cache-cache.

La hauteur de ses talons lui donne une cambrure parfaite, rarement vêtement aura aussi bien mis en lumière son corps de tanagra à la taille mince et aux hanches étroites. Elle semble fragile et forte à la fois.

Un coup de klaxon devant la grille met fin à l'illusion, j'aurais tant aimé en profiter encore.

- C'est Nathalie, je dois filer, je te souhaite une belle soirée et ne te tourmente pas trop à mon sujet.

Elle dépose sur mes lèvres un léger baiser pour ne pas endommager son maquillage, se penche, m'offre au passage le dévoilé du sein droit à la limite du mamelon, saisit un châle anthracite qu'elle revêt.

- Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage, tu n'es pas obligé,,,, je t'aime, Merci de m'offrir cette liberté, j'en avais besoin.

- Moi aussi je t'aime, tu sais j'aimerais bien m'inquiéter de nouveau.

Un sourire et d'une démarche féline elle dandine son petit cul nerveux jusqu'à la porte, j'entends maintenant le claquement des talons dans l'escalier de bois puis son pas sur les graviers.

Du haut de la fenêtre je la contemple.

Arrivée à la grille, elle se retourne pour m'envoyer un baiser, Effacé le visage lisse de petite fille sage, je l'imagine aller rejoindre la troupe des Ziegfelfd Folies pour une folle nuit de revue.

Nathalie me salue de la main, à son coté une passagère inconnue. Monika s'engouffre dans le véhicule et entre chienne et louve s'éloigne.

 

Que la nuit te soit douce ma belle, appartiens-toi ce soir.

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 3 décembre 2014 3 03 /12 /Déc /2014 08:00

Philippe # 11

 

chambre11-1Réfléchissez, réfléchissez.... Tout en parlant, il ne cessait de passer ses pouces sur l'extrémité charnue de chacun de ses doigts comme s'il égrenait un chapelet invisible. Cherchait-il à tromper son impatience ? Décontenancé, je suis sorti de sa boutique ; le seul instant de plénitude, curieusement fut lorsque ma main naturellement se posa sur la tête oblongue du gardien de ces lieux.

Il me rassura.

Quel étrange marché ! Ce triptyque d'une grande valeur en échange de quelques photos!

Sans pudeur, sans censure, sans interdit.

Il ne m'a pas expliqué le sens précis de sa phrase.

De combien de degrés les cuisses doivent-elles s'ouvrir pour devenir à ses yeux impudiques ?

Certains regards peuvent être impudiques, de nombreux culs, même offerts, ne le seront jamais.

Peut-être mesurera-t-il l'intensité érotique des photos à ma fébrilité lorsque je viendrai lui remettre l'enveloppe ?

Ainsi donc il me serait possible de préserver Monika.

Le jour venu, le plus tôt possible, me rendre au bar.

Poser ma sacoche sur la table tout en commandant un café et un whisky.

Sortir mon enveloppe afin de m'imprégner de mon rôle.

Ne tremper que les lèvres dans le verre, il ne pourra humer ma terrible gêne, je garderai mon contrôle.

Il verra des photos de Monika offerte, bien sûr.

Pas question pour moi de le voler.

Mais pas l'enveloppe noire qui se trouve dans mon carton à souvenirs et émotions.

Non celle-là je m'imagine mal la lui porter et la poser sur le comptoir.

Et que fera-t-il après avoir glissé les photos dans son album secret ?

Quelles autres femmes Monika irait-elle rejoindre ?chambre11-2

Il se masturbe en imaginant les posséder ?

Oui certainement, mais moi-même il m'est arrivé souvent de jouir d'elle sans qu'elle ne soit là.

Oui, j'avoue m'être déjà donné du plaisir en regardant des photos d'elle, parfois il m'est arrivé également de le faire rien qu'en fermant les yeux et en l'imaginant dans des situations diverses et variées...Laurence...

Ce triptyque, j'aimerais tant le posséder.

Tout de suite en le découvrant j'ai songé à Denis.

Il serait le support idéal pour trois mises en scène de Monika peinte et mise en vie par son talent.

Réfléchissez... Je ne fais que cela sur le chemin qui me mène à la maison.

Lorsque j'ouvre la porte sur le miroir de l'entrée, un mot :

Ne m'attends pas ce soir, je suis allée chercher mon costume et je vais aider à préparer la décoration pour la fête de demain, Bisous, JE T'AIME.

Le soleil vient de tomber, la chaleur non.

J'ouvre en grand les fenêtres du salon et je file sous la douche.

J'en ressors ruisselant, le corps nu.

Je file à la cuisine, me sers une bière bien fraîche puis passe dans la chambre,

J'ouvre le placard et me retrouve face au rayon de ses dessous, comme j'aimerais une journée durant être ce tanga ou ce soutien-gorge pour sentir sa peau se frotter à moi.

Quelques rayons au-dessus, j'extrais mon carton de sa cachette, il me faut préparer ma prochaine commande. Je suis en vacances depuis ce soir et je compte bien les mettre à profit pour avancer dans mon projet. Mon écriture est facile en ce moment et les idées fusent. Il me faut de la matière pour alimenter le livre, Valentin m'est précieux.

Je vais donc poursuivre, pour les photos audacieuses, je verrai plus tard.

Je dépose dans une grande enveloppe les dix prochaines photos et négatifs.

C'est sa poitrine qui est toujours à l'honneur.

chambre11-3Comme je les aime ses seins. Je me souviendrai toujours avoir été surpris, la première fois que mes mains sont allées à leur contact. Elle portait toujours d'amples vêtements pour masquer, selon elle, une absence de formes. C'est lors de caresses sous ses vêtements que je les ai découverts.

Je fus saisi par leur douceur, leur fermeté et très rapidement je compris combien ils étaient sensibles puisqu'il me fut interdit de les effleurer.

Elle ne supportait pas de subtiles caresses, impossible également d'y poser ma bouche.

La seule option qu'elle m'offrit fut de les prendre à pleines mains. Il m'en fallut du temps pour qu'elle apprenne à y prendre plaisir et je reste intimement persuadé qu'il serait possible de la faire jouir par de savants attouchements sur ses seins.

Un jour peut-être.

Rarement dans ma vie je n'ai rencontré une fille si sensible à cet endroit.

Ma sélection achevée, je referme l'enveloppe et pose mon regard sur mes achats dans la boutique.

chambre11-4Ainsi il s'agit de Brigitte Bardot, ce n'est pas cela qui m'avait marqué mais plutôt la proximité avec certaines photos, en noir et blanc également, que j'avais réalisé avec Monika.

Même cadrage approximatif, mélange sulfureux d'innocence et d'indécence identique.

Par la fenêtre me parviennent les bruits de la nuit.

Deux chats au loin se battent, sans doute pour une femelle.

Un chien aboie.

Un train file à pleine allure vers une destination inconnue et réduit au silence le monde de la nuit.

Demain je le prendrai à mon tour.

Je suis las, fatigué....

.... Elle est allongée dans le canapé, totalement nue, Tabou couché au creux de son ventre.

Elle plonge sa main dans l'épaisse fourrure et me regarde.

- Si tu en veux davantage, donnes-en plus. S'il te plaît, s'il te plaît, d'une voix presque plaintive.

- Oui, cela me plaît....

La sonnerie du téléphone me réveille en sursaut.

Halima.

- Je te réveille ?

- Oui

- Pardonne-moi, je voulais juste te remercier pour ce week-end, ça m'a fait du bien de te revoir.

- Moi aussi, on devrait ne pas attendre si longtemps.

- Exact, la prochaine fois viens avec Monika.

- Je tenterai de la convaincre, mais en ce moment elle semble très prise.

- Au fait, tu devais me parler de ton photographe.

- Valentin ?

- C'est celui qui l'a faite poser ?

- Ah André ! Une autre fois si cela ne te dérange pas.

- Ok alors je te laisse finir ta nuit, bibi à bientôt.

- Bibi .

Merci Halima pour cet appel nocturne, je n'ose même pas imaginer si c'était Monika qui m'avait réveillé découvrant mon carton grand ouvert et les images licencieuses de tonton Théodore le libertin. Quel drôle d'ancêtre !

Tout ranger, remettre en ordre replonger dans mes rêves.

Au matin le lit est vide, il est si tard déjà lorsque je fais surface.

Monika qui est rentrée dans la nuit est déjà partie au travail. Nous nous voyons si peu ces derniers temps.

Pourtant cet éloignement paraît nous rapprocher l'un de l'autre, nous sommes à l'affût.

Je déjeune et parviens à prendre le train.

Avant de m'enfoncer dans la ruelle, je fais une étape par le café.

Le patron me salue comme si j'étais devenu un habitué.

Je vois la silhouette de Tabou se dessiner dans l'obscurité du boyau, il m'attend.

C'est le signal.

Lorsque je me retrouve face à Valentin, il y a comme un silence complice entre nous, il a bien compris que mon apport n'était pas celui du troc et nous ne l'évoquons pas. Comme un lendemain de gueule de bois où l'on tente d'oublier les excès de la veille.

Je lui tends l'enveloppe, il me remet la pochette de son travail, elle est encore chaude comme des baguettes à peine sorties du four d'une boulangerie.

 

Valentin # 11

chambre11-5Au fond de la boutique, au bout d'un étroit couloir sombre, il y a une porte qui donne sur une arrière-cour collective, rectangle de pavés moussus, fermé sur les quatre côtés par de hauts murs aveugles. La cour est ouverte sur le ciel que traversent les nuages chargés de vent et de pluie. Dans un angle, quelqu'un a aménagé un parterre de fleurs où poussent un massif d'hortensias bleus et durant l'été quelques vigoureux buissons de belles de nuit multicolores. Durant la journée, les fleurs de belles de nuit restent closes mais, au crépuscule, elle s'ouvrent et exhalent pendant quelques heures un parfum absolument divin. À la nuit tombée, je viens souvent me baigner longuement dans les arômes qui stagnent entre les murs hermétiques de l'arrière-cour. J'y devine parfois ce que doit être le goût du bonheur et de la sérénité.

Voilà plus de trente ans que je photographie des êtres humains, qu'ils m'autorisent ou me demandent de capturer leur image, des reflets d' hommes et surtout de femmes et, à chaque fois, j'espère secrètement que mon modèle s'épanouira devant moi comme une belle de nuit afin d'exhaler et d'exprimer sa personnalité la plus intime. Avec les hommes, il ne faut pas trop se faire d'illusions : l'homme est presque toujours engoncé dans une armure de certitudes, de préjugés et de contraintes sociales. Même nu, il garde sa carapace ! Seules les femmes peuvent s'abandonner au point de laisser tomber le masque. De femme, elle peut alors se muer en femelle, se débarrasser de tous les artifices de la féminité – maquillage, mode et minauderies – pour donner libre cours à ce que j'appelle sa femellité.chambre11-6

La plupart du temps, les femmes qui posent, dans mon studio ou dans leur intérieur, attendent de moi que je les dirige, que je leur donne des instructions sur les gestes à faire, les regards à ébaucher, les cambrures à adopter. Elle sont dociles, entièrement soumises à ma volonté. Elles me demandent juste de trouver le bon angle, la bonne lumière, la meilleure perspective, qui mettront en valeur la beauté de leurs corps. Le résultat, ce sont des photos esthétiquement correctes, semblables en tous points à celles que l'on trouve dans les pages des magazines et sur les affiches publicitaires, ce qu'on appelle de belles images. Et puis, parfois, pendant de trop courtes minutes, le temps de quelques prises de vue, il se passe quelque chose d'inattendu, d'imprévisible, de magique. Comme la belle de nuit qui s'ouvre et libère son parfum, la femme n'écoute plus que son instinct, que son désir. En un instant, elle se métamorphose en femelle et livre à l'objectif sa vraie et profonde nature. Elle est alors intensément animale, sans tabou, sans pudeur, sans censure. Ces mots n'ont plus aucun sens pour elle. Elle n'est plus ni belle, ni laide, ni jeune, ni vieille, ni mince, ni grosse, elle est tout simplement femelle. Je n'ai plus besoin de la diriger, elle vit. C'est à moi de saisir ces moments d'exception en oubliant toute considération d'éclairage, de cadrage ou d'esthétique...

Ces images sont si rares et précieuses que je les ai rangées dans un album très personnel que je n'ouvre que les jours de grande détresse. Leur vue suffit à redonner un sens à mon existence. Mon corps retrouve sa vigueur : une boule de désir me noue l'estomac, mon sexe durcit inexorablement, et une douce chaleur bienfaisante inonde mon ventre.

Dans la centaine de photos de Monika que Philippe m'a déjà apportées à retravailler, aucune ne pourrait encore trouver place dans mon album. Cependant, sur quelques-unes d'entre elles, j'ai entrevu les indices annonciateurs de la femellité de Monika. Sa dernière commande est sur ce point particulièrement intéressante, surtout la photo à la chaise. Bien sûr, elle y est assise nue, les cuisses largement écartées, même si ses mains stratégiquement croisées cachent encore son sexe, centre névralgique de sa féminité. chambre11-7Les jours du dossier de la chaise mettent en valeur la sensualité charnelle de ses seins... Cependant, mon regard s'attarde plus bas, sur ses pieds invisibles, comme avalés par des bottes noires, trop grandes et trop lourdes pour elle, sauvagement ouvertes et qui ponctuent la sage photo d'une touche de brutale trivialité... C'est à cause de photos comme celles-là que je soupçonne Philippe de posséder lui aussi un album secret où il conserve jalousement les images femelles de Monika....

Dans l'École des Femmes, Molière disait que le bonheur n'est rien s'il n'est partagé :

« L'allégresse du coeur s'augmente à la répandre,

Et, goutât-on cent fois un bonheur trop parfait,

On n'en est pas content si quelqu'un ne le sait ».

Ainsi, comme tous les jaloux, Philippe est tiraillé entre la volonté farouche de garder l'exclusivité de la libido de sa compagne et le besoin inavoué et lancinant de la montrer, de l'exhiber en public, afin que tout un chacun puisse admirer son corps, en admettre sa beauté, désirer la posséder... et connaître son bonheur.

 

 

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 19 novembre 2014 3 19 /11 /Nov /2014 10:04

Philippe # 10

 

Le regard vide, dans ma sacoche, la photo que je n'avais osé lui remettre, je m'en suischambre10-1 retourné à la maison, Monika avait mis un CD de Placebo très fort, Elle ne remarqua pas tout de suite ma présence tout occupée qu'elle était à nettoyer la table basse du salon. Mon dieu qu'elle était belle dans cette courte robe orange, non je ne rêvais pas, elle ne portait rien dessous et je pouvais admirer ses seins se balancer au gré des mouvements de son corps. Ses petits lolos, c'est ainsi que Jamy avait parlé un soir de la poitrine de Monika à l'un de ses amis, Je m'étais absenté pour aller aux toilettes, il en avait profité pour lui confier combien ils étaient plus beaux que ceux de Nicole sa copine et amie de Monika, Longtemps, encore maintenant, je me suis interrogé de savoir en quelles circonstances il avait pu les découvrir. En les volant du regard ? Ou les lui avait-elle montrés par défi  ou par jeu ?

Lorsque Monika me confia à Paris son envie de nous retrouver tous les quatre dans le même lit pour de sensuels ébats, je demeurai persuadé qu'il s'était un jour en amont passé quelque chose entre eux, en mon absence, puisqu'ils se voyaient souvent tandis que je travaillais.

- Je ne t'ai pas entendu arriver, ça fait longtemps que tu es là ?

Elle m'exhuma de mes pensées,

- Je viens d'arriver,

- Ça n'a pas l'air d'aller ?

- La chaleur et ta beauté me troublent.

- Mes cheveux sont sales, je suis trempée de sueur.

Comme j'aimerais à l'aide de ma langue t'en débarrasser le corps tout entier, pensai-je.

- Je termine le salon, pendant ce temps je te laisse les toilettes et la salle de bain, comme tu sais si bien le faire, ok ?

- Ok

Alors que prenais la direction de la chambre pour y ranger ma sacoche elle me lança :

- Philippe !

- Monika ?

- Je me sens bien en ce moment.

- Moi aussi Monika, moi aussi.

Ainsi tout n'était pas perdu, j'avais flanché par timidité et peur de me trouver ridicule face à Valentin mais demain à la première heure je m'armerais de courage et d'audace pour aller la lui porter,

Il s'agissait d'une étape à franchir, d'autres se profilaient déjà à l'horizon je le savais,

Dans la chambre je découvris au mur une tenture aux motifs s'entrelaçant tels des reptiles, j'en fus surpris et si peu de temps auparavant j'en aurais ressentis des frissons maintenant ils étaient d'une toute autre nature, Mon regard fut attiré par sa table de chevet, dessus reposait le journal intime d'Anais Nin, ainsi elle s'était remise à le lire,,,

Une fois la salle de bain nettoyée, ma petite boîte enrichie, nous sommes allés nous coucher. Elle me parla de cette soirée entre filles à laquelle elle avait été invitée mais il lui fallait trouver un déguisement comme indiqué sur le carton. Elle n'avait aucune idée.

En femme des cavernes, nue sous une peau de bête, le corps enduit de peinture tribale.

- Je me vois mal débarquer ainsi, fit-elle en riant.

- Bonne nuit.

- Bonne nuit.

chambre10-2........... Elle me tourne le dos, la tête penchée en avant, un serpent lui enlace le haut du corps totalement nu.

- Pourquoi ne veux-tu pas que je les montre, tu m'avais autorisé ?

- Pardonne- moi, je vais t'en libérer.

- Oh oui fais -le s'il te plaît car il m'oppresse........

 

À la première heure, le lendemain, je prenais la voiture et avalais les kilomètres qui me séparaient de lui. Il était tôt, la chaleur était omniprésente ; de peur de me trouver face au rideau fermé, je suis entré dans le café presque face à la ruelle de la boutique obscure.

Le patron était seul et lisait le journal, il répondit à peine à mon bonjour.

Une fois son article achevé, il tourna la tête vers moi dans l'attente de ma commande.

- Un café s'il vous plaît, serré,

Ma sacoche était posée sur la table face à moi, je n'avais pas fait tous ces kilomètres pour rien, ce serait ce matin ou jamais.

Oui ce serait ce matin mais je me sentais fébrile comme avant un premier rendez-vous amoureux, Halima m'avait pourtant conseillé de ne pas me faire manger par mes peurs.

- Mettez-moi aussi un whisky avec glaçons, s'il vous plaît.

Il me regarda plutôt surpris par une commande aussi insolite à une telle heure mais l'alcool allait m'aider à surmonter mes craintes.

Il me l'apporta alors que dans ma main je tenais l'enveloppe qui dans peu de temps allait se retrouver dans celles de Valentin.

- Un rendez-vous amoureux ? fit il d'un ton paternaliste.

- En quelque sorte oui.

- J'en ai vu passer dans ce café au cours de ma carrière des comme vous ne sachant s'ils devaient ou ne devaient pas.

- Et ?

- Et moi je conseille de ne pas hésiter, J'ai hésité une fois, ce fut la fois de trop.

Après cette énigmatique chute il s'en retourna vers son journal tandis que, du bout du doigt, je jouais avec le glaçon de mon verre vide,

Ces glaçons, ceux-là même qui avaient servi à tendre les tétons de Monika pour la réalisation de cette photo, André voulait absolument que Monika les fasse ressortir pour les saisir dans leur plénitude mais la chaleur qui régnait au contraire les écrasait, Elle avait tenté, en vain, sous nos regard de tirer dessus. C'est elle qui eut l'idée de la glace et me demanda d'aller en chercher au frigo.chambre10-3

Quel délice de la voir face à un inconnu se caresser les mamelons de la sorte, quel dommage qu'André n'ait songé à immortaliser la scène.

L'alcool très vite me monta à la tête. Comment Valentin allait-il les considérer ?

J'avais à la fois envie qu'il ouvre l'enveloppe devant moi afin que je puisse voir sa réaction et qu'il le fasse dans le secret.

Le patron ouvrit la porte sans qu'aucun client ne fasse son entrée sauf Tabou qui se dirigea droit vers moi et avec souplesse sauta sur la table pour directement se mettre face à moi, assis sur ma sacoche.

Il semblait m'indiquer que c'était le moment d'y aller.

- On dirait qu'il vous connaît.

- En quelque sorte oui.

- C'est le chat de la ruelle.

- Je sais.

chambre10-4En regardant mon enveloppe.

- Elle est belle ?

- Oui très.

- Alors allez-y vite.

Tabou me suivait comme pour empêcher toute volte-face.

La porte était fermée mais je vis de la lumière provenant du bas de l'escalier.

L'alcool aidant, je tapai à la porte, aucun risque de réveiller des voisins.

Les yeux hagards, il m'ouvrit, surpris d'une si matinale visite.

Je lui tendis mon enveloppe, mon bonbon à la menthe n'était pas encore tout à fait fondu.

- Pourriez-vous lisser cette photo ? J'y tiens énormément. Supprimer quelques grains de peau, faire ressortir certaines zones, mettre plus en ombre, faire ressortir davantage d'autres parties...

Je ne cessais de parler tandis que lui sortait de sa léthargie.

C'était le moment, l'excuse de l'alcool était trop belle.

- Je ne sais pas par quelle magie vous parvenez à faire cela et je préfère ne rien savoir, je veux continuer à en profiter et vous apporter d'autres photos plus.... plus osées.

Le mot était dit.

Mon attention fut soudain attirée par ce présentoir sur le comptoir, je ne l'avais pas encore remarqué. Photos à vendre, Ce fut un véritable choc de découvrir la première de l'importante série.

Comment avait-il deviné ?

Elle serait pour moi, les deux suivantes également, il semblait précéder mes pas.

Alors que j'étais captivé par les images qui défilaient sous mes yeux, je ne me rendis même pas compte que Valentin avait disparu.

Je fis une sélection de 10 photos, en découvrant mon choix il comprendrait certainement beaucoup de choses que je ne parvenais pas à lui dire.

Il revint, le visage plus lucide qu'à mon arrivée, Avant qu'il ne prononce le moindre mot je lui demandai si le triptyque de l'autre jour était à vendre car j'aurais aimé en faire cadeau à ma femme pour son anniversaire.

 

Valentin # 10

 

chambre10-5- À vendre ? Avant de vous répondre, laissez-moi vous raconter l'histoire de cet objet. Il date du début du XIXème siècle et appartenait à l'époque à un riche bourgeois qui l'avait fait fabriquer tout spécialement par un ébéniste de renom. Ce riche bourgeois avait une garçonnière où il recevait en secret des amis intimes et des femmes, mariées le plus souvent, dont il faisait ses maîtresses. C'est au mur du salon de cette garçonnière qu'il avait accroché ce triptyque. Comme vous pouvez le constater, lorsqu'il est fermé, les deux volets de façade représentent un paysage champêtre sans grand intérêt. Lorsque notre homme accueillait dans son repaire une possible conquête, il ne manquait pas d'attirer l'attention de l'invitée sur cet objet, lui expliquant qu'une fois ouvert, le triptyque révélait une oeuvre originale mais réservée à un public masculin averti. Il demandait expressément à son interlocutrice de ne pas chercher à en percer le secret. On en restait là puis, un peu plus tard, le séducteur s'absentait du salon sous un prétexte futile, laissant la curieuse seule pendant quelques minutes. À son retour, d'un seul coup d'oeil sur le tapis au pied du triptyque, il savait si son invitée avait résisté à la tentation : la présence sur le tapis d'un petit fil de laine rouge tombé tout droit du triptyque lui indiquait que pendant sa courte absence, celui-ci avait été ouvert, et il savait que la femme avait vu trois petits tableaux d'une grande obscénité représentant un couple s'adonnant aux plaisirs de l'amour, avec force détails anatomiques... Parfois, de jeunes invitées en avaient encore le feu aux joues ; les plus âgées, mariées ou veuves, affectaient une souveraine indifférence, mais leur silence et leurs regards furtifs vers le triptyque refermé valaient plus qu'un aveu. Les plus effarouchées ou pudibondes ne tardaient pas à prendre congé, celles qui restaient finiraient plus ou moins vite troussées sur le sofa ou intégralement nues dans sa chambre à coucher.

- Mais comment savez-vous tout cela ?

- C'est mon oncle Théodore qui me l'a raconté. Ce triptyque lui a appartenu. Il l'avait reçu en cadeau d'une patronne de bordel où cet objet curieux avait fini par échouer. Il servait à stimuler la libido de clients défaillants.

- Les tableaux licencieux sont-ils toujours là ?

- Hélas non ! Ils ont été depuis longtemps remplacés par des photographies tout aussi explicites. Voyez vous-même !

Philippe ouvrit le triptyque et demeura de longs instants, immobile, à contempler les images interdites.

- Je vous réitère ma demande : accepteriez-vous de me le vendre ? Comme je vous l'ai déjà dit, ce serait pour l'offrir à mon épouse en cadeau d'anniversaire...

- Je ne suis pas sûr que ce soit le cadeau vraiment indiqué pour une femme mariée et respectable. À moins que...

- À moins que quoi ?

- À moins que la dite femme mariée ne soit pas aussi sage qu'elle en a l'air... Et puis, je vous l'ai dit, cet objet fait partie du patrimoine familial. Pour m'en séparer, ce ne serait pas qu'une question d'argent. Il faudrait que ce soit entre nous une sorte d'échange, de troc équitable...

- Et quel en serait l'enjeu ?chambre10-6

- Des photos de votre femme... Des photos sans aucun tabou, aucune pudeur, aucune censure... Des photos à ranger dans des albums secrets, loin des regards... Rassurez-vous, je ne vous demande pas une réponse immédiate. Réfléchissez-y ! Je crois que c'est une proposition honnête. Je vois aussi que vous avez fait votre choix dans les photos à vendre...

- Elles font partie de votre collection personnelle ?

- Oui et non. La plupart sont l'oeuvre de mon oncle Théodore. C'est lui qui m'a initié à la photographie. Il ne travaillait qu'en intérieur, comme moi il n'aimait pas trop le monde extérieur et la lumière du soleil. Ses photos sont prises dans des maisons closes, ou plus tard, après leur fermeture en 1946, dans son studio parisien où il s'était spécialisé dans la photo de charme pour des magazines pour hommes, du genre Paris-Hollywood. Par contre, j'ignore totalement comment il est entré en possession de cette photo indécente de Brigitte Bardot, encore toute jeune, quand on ne l'appelait pas encore B.B ! Quant aux deux dernières, ce sont des recherches personnelles. Je crois que vous avez reconnu l'ombre de Tabou sur une des photos. Je ne sais plus si je vous ai déjà parlé de cette jeune Anglaise qui avait récemment posé pour moi afin d'offrir à son petit ami un souvenir très personnel de son séjour en France. C'est elle. Sur la deuxième photo, celle où elle pose avec un python , je crois bien que je l'ai photographiée en train de jouir... Ça ne va pas ?

chambre10-7En face de moi, appuyé sur le comptoir, Philippe était tout pâle. Il a rapidement rassemblé les photos, les a fourrées dans sa serviette de cuir, a posé les billets devant moi et a quitté la boutique, avec juste un au revoir inarticulé...

Ce n'est qu'au moment de la fermeture que j'ai retrouvé sous le comptoir la grande enveloppe en papier kraft que Philippe avait apportée pour un travail de lissage. Je l'avais complètement oubliée cette enveloppe ! Je suis descendu au labo.

Dans la lumière orangée, je les avais rien que pour moi les seins de Monika. Surtout son sein gauche, celui de son coeur, qui me tendait son mamelon, au centre de son aréole cerclée de petites taches claires comme les étoiles du drapeau européen. Dessous, la courbe ombrée appelait la caresse et le soutien d'une paume amoureuse. De minuscules grains de beauté et autres imperfections donnaient vie à sa peau, tout comme la lumière qui jouait sur le satiné de son tétin. Dans la solitude tiède et utérine du labo, ma main en corbeille soupesait son sein, mes doigts en suivaient les contours, en pinçaient délicatement le mamelon, mes lèvres jouaient avec le bout, tout à tour le mordillant comme l'aurait fait un jeune chiot ou le suçant avec gourmandise. J'y promenais aussi ma bite, posant parfois ta tête du gland sur le mamelon ou toute sa colonne raide à la verticale dans le sillon de son sternum où elle allait et venait langoureusement. Alors, inexorablement, venu des profondeurs de mon scrotum, le foutre montait et giclait sur sa peau nue, éclaboussait ses seins offerts et sans défense. Elle était à ma merci et je me repaissais sans fin de sa chair si blanche...

chambre10-9

Lorsque tout fut consommé, je préparai une grande enveloppe contenant les photos « lissées » des seins de Monika. J'y ajoutai un long poème recopié de ma main sur du papier velin :

 

BLASON DU TETIN par Clément Marot (1496-1544)

 

Tetin reffaict, plus blanc qu'un oeuf,

Tetin de satin blanc tout neuf,

Tetin qui faitz honte à la rose,

Tetin plus beau que nulle chose

tetin dor, non pas Tetin, voyre,

Mais petite boulle d'Ivoire,

Au milieu de qui est assise

Une Fraise, ou une Serise

Que nul ne voyt, ne touche aussi,

Mais je gage qu'il est ainsi.

Tetin donc au petit bout rouge,

Tetin qui jamais ne se bouge,

Soit pour venir, soit pour aller,

Soit pour courir, soit pour baller,

Tetin gauche, tetin mignon,

Tetin loing de son compagnon,

Tetin qui portes tesmoignage

Du demourant du personnage,

Quand il te voit, il vient à maintz

Une envie dedant les mains

De te taster, de te tenir :

Mais il se fault bien contenir

D'en approcher, bon gré ma vie,

Car il en viendrait autre envye.

O tetin, ne grand, ne petit,

Tetin meur, tetin d'appetit,

Tetin qui nuyct et jour criez :

Mariez moy tost, mariez !

Tetin qui tant t'enfles, et repoulses

Ton gorgias de deux bons poulces,

A bon droit heureux qui dira

Celluy qui de laict t'emplira,

Faisant d'ung tetin de pucelle

Tetin de femme entière et belle.

chambre10-8

 

 

 

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 14 novembre 2014 5 14 /11 /Nov /2014 10:39

Philippe # 9

 

chambre9-0- Aluromancie, cela te dit quelque chose ? 

Les mains pleines de mousse, Halima me regarde de ses grands yeux noirs interrogateurs.

- Non pourquoi ? Tu écris ça comment ?

- Je ne sais pas, d'ailleurs je ne sais pas grand-chose en ce moment.

- Nous voilà bien partis tous les deux, peut-être un rapport avec l'étude des rêves ou des hallucinations, demande à Mister Google le temps que je finisse la vaisselle et après on commandera une pizza, ça fait plaisir de te revoir, depuis le temps que je te réclame. Il faudrait que Monika rénove plus souvent la maison. S'essuyant les mains elle me demande :

- Alors j'avais bon ?

- Désolé, c'est en rapport avec les chats et les pouvoirs de divination qu'on leur prête.

- Pourquoi cette question au juste ?

- Je t'expliquerai plus tard.

- Passe la commande et prépare-nous un cocktail le temps que je prenne une douche.

Cela faisait longtemps que j'avais promis à Halima de lui rendre visite, nous nous étions rencontrés lors d'une formation et avions très vite sympathisé. Ceux qui nous croisaient pour la première fois étaient persuadés que nous formions un couple, nos proches pensaient que nous avions certainement couché ensemble au moins une fois, quelques autres plus rares, dont Monika, comprenaient la nature de notre relation.

À plusieurs reprises nous avions partagé le même lit, mais jamais il n'avait été question d'aller au-delà que l'amitié qui nous liait.

Elle était loin d'être repoussante : une allure sportive, des formes généreuses, une cambrure parfaite, de longs cheveux noirs, tous les charmes de l'orient, En ce moment elle aussi traversait une période de doutes après sa rupture. En apparence triomphante, sa vie sentimentale était devenue un désert, de plus en plus inquiétant à ses yeux, Les prétendants étaient nombreux certes mais aucun ne trouvait grâce à ses yeux.chambre9-2

- Il n'est pas un peu étroit ?

- Quoi ?

- Le débardeur, fis-je avec un sourire en lui tendant son verre.

- On est entre nous alors pas de chichis !

Le livreur de pizza eut toutes les peines du monde à la regarder dans les yeux.

À la fin du repas, elle décida qu'il était temps que nous passions au champagne et me demanda d'aller chercher la bouteille que j'avais apportée.

Lorsque je revins au salon la lumière était tamisée, des bougies allumées et les premières notes de Middle de Pink Floyd me parvenaient.

- Alors parle-de moi de tes malheurs, ça me fera oublier les miens.

Pour une fois, j'avais un peu de mal à rentrer dans le vif du sujet, à savoir mon couple et le chemin inquiétant qu'il semblait prendre. L'usure, l'habitude, la passion qui s'estompait, cette douce folie qui n'était plus au rendez-vous.

Ces derniers temps il m'était arrivé d'avoir des pannes et désormais j'avais peur que cela ne se reproduise. Monika ne semblait plus intéressée par les choses du sexe, la monotonie nous gagnait doucement comme un poison.

- Elle à un amant ?

Non pas d’amant en vue, sa vie était trop bien réglée, une véritable horloge, tout est prévu, organisé, la fantaisie n'a plus voix au chapitre. Parfois j'en suis à lui souhaiter une liaison, cela aurait peut-être redonné un élan à notre couple.

J'en vins à lui avouer mon projet de livre à caractère érotique afin de produire une onde de choc et que cette perspective semblait porter ses fruits.

- Wouah, comme j'aimerais que l'on m'écrive un livre érotique. Elle en a de la chance d'être aimée comme cela, je vais finir par être jalouse, dit-elle en me prenant la main. Quel rapport avec les chats ?

Libre de parole, je lui confie que mon livre serait illustré de photos et de peintures.

- Tu as recontacté le photographe qui l'avait faite poser ?

- Non, pas lui, je t'en reparlerai plus tard d'ailleurs.

chambre9Je lui avoue cette étrange rencontre, de la chambre obscure et du pouvoir que je prête aux photos que développe Valentin.

Dans ma sacoche, qui ne me quitte plus, il y a la dernière série en date.

- Je peux les voir ?

Elle semble déçue par mon refus mais l'accepte sans insister.

Je poursuis mes confidences alors que sa langue étale la salive sur la gomme du papier.

- Tiens, cela nous rappellera des souvenirs, fait-elle en me tendant le joint à allumer.

Une quinte de toux accueille la première bouffée mais très vite je m'envole.

- Tu permets que je me mette à l'aise ?

Sans attendre ma réponse, à travers le tissu, elle dégrafe son soutien-gorge libérant sa ferme poitrine.

En se penchant pour ramasser un peu de cendres tombées sur le parquet, elle m'offre le paysage de ses seins sans entraves.

Cette vision me renvoie au souvenir de cette soirée au cours de laquelle Monika m'avait convié avec des amis français..

Dans ce café, son quartier général où elle était serveuse, un tournoi de billard était organisé, elle pratiquait ce sport avec passion et talent, Je lui avais d'ailleurs acheté une belle queue dont elle se servait avec dextérité. Avec Véro une française rencontrée en Allemagne et un couple d'amis nous nous sommes installés au plus prés de la table afin de ne rien manquer des parties qui allaient s'enchaîner.

Monika était déjà présente à converser avec des amis, nous étions ensemble depuis quelques mois mais n'habitions pas sous le même toit.

Le tournoi débuta, Monika entra en scène, elle était vêtue sobrement, jean et sweat shirt anthracite, ses longs cheveux lâchés.

Sa petite taille l'obligeait à se mettre sur la pointe des pieds afin d'ajuster au mieux ses coups.chambre9-4

Son habilité était indéniable, sa concentration extrême mais sa longue chevelure ne cessait d'aller et venir masquant son regard. Elle se saisit alors d'un crayon pour les maintenir en chignon, à cet instant l'enjeu du tournoi prit un autre sens pour moi et sans doute pour une grande partie de la vingtaine de personnes attroupée autour de la table, Je faillis la prévenir mais je me suis vite ravisé trop heureux de la voir ainsi sans le savoir exposer au regard du public le spectacle de ses seins offerts dans l'échancrure de son sweat.

Il fallait les voir, parfois le droit, le gauche, souvent les deux, si fermes qu'ils bougeaient à peine.

Impossible pour qui assistait à la partie de les ignorer tant elle les avait mis en devanture.

Véro elle-même me fit la réflexion, «  ils donnent envie ». Elle m'avait avoué quelques temps auparavant son amour exclusif pour le sexe féminin, sa remarque me troubla plus encore.

Qu'elle était belle et désirable sa juvénile poitrine aux tétons tentateurs.

Époque bénie où elle laissait ses seins libres de mouvement.

- Tu rêves ?

- Pardon excuse- moi j'étais dans mes pensées, fis je à Halima.

Elle posa sa main sur le haut de ma cuisse.

- Tu dors avec moi ?, j'ai envie qu'on me touche.

- Non Halima,, déplaçant sa main pour la poser sur ma sacoche toute proche, ce serait bête parce nous avons bu et fumé de tout gâcher entre nous.

- Tu as raison, alors je vais me coucher, on s'embrasse quand même ?

Pour réponse je posai mes lèvres à la surface des siennes en un fraternel baiser.

- Tu me donneras l'adresse ?

- De qui ?

- Ton photographe, répondit elle en se dirigeant vers sa chambre à quelques mètres de là.

- Bonne nuit Halima.

L'alcool, la fatigue et le reste eurent raison de moi et sans m'en rendre compte....

...Monika est agenouillée, les paumes tournées vers le plafond, indolente et inerte, regard fermé.

Dans une robe à la blancheur virginale, elle attend, à peine si elle respire.

Devant elle, ma sacoche ouverte, la pochette de Valentin aussi.

Dans l'ombre, derrière elle, Halima, son doigt en travers de la bouche m'indique de ne pas révéler sa présence. Son regard est injecté de sang, de sa bouche carnassière un mince filet de bave s'écoule , elle ondule vers sa proie, elle a faim. Le regard de Monika s'éveille alors, elle a senti le danger tout proche.

chambre9-3Mais déjà il est trop tard, la main gauche toute vernie de noir d'Halima plonge sans crier gare dans l'échancrure de l'étoffe et empoigne fermement l'un de ses seins. Elle se cabre aussitôt tendant son buste en avant, tressaille quand la prédatrice plante ses crocs dans son échine, tête basculant en arrière se soumettant aux lois de la nature.

Tandis que d'une main elle met le sein de Monika à la torture, l'autre à en croire ses gémissements s'affaire au bas de son ventre caché par le corps de sa proie.

Elle jouit dans un orgasme violent et sonore....,

...En sursaut je me réveille, le sexe dur comme jamais, le rêve fut si réaliste qu'il me semble encore percevoir le souffle haletant d'Halima.

Ma sacoche a disparu, nous avons trop abusé hier soir,,,, Comme un train dans la nuit venant de nul part, le sommeil me happe de nouveau.

Le lendemain, je constate que ma sacoche est bien là, tout est en ordre sauf ma tête qui réclame douche et cachet.

- Tu as bien dormi ? Pardonne-moi pour hier soir, je ne sais pas ce qui m'a pris.

- N'y pensons plus.

La journée se déroula sans qu'aucun de nous n'évoque nos propos de la veille, un vide-grenier, une promenade en forêt, des silences plus que des mots.

Au soir j'ai repris le chemin de la maison, impatient de découvrir la transformation de notre chambre à coucher.

Vêtue d'une salopette, un foulard autour du cou, les bras nus portant encore des traces de peinture blanche, Monika m'accueille, heureuse de me montrer le fruit de son labeur.

Me tenant par la main elle me demande de fermer les yeux tout en me conduisant.

La chambre est blanche, les murs nus, un nouveau lit, plus large en occupe le centre.

Comme j'aimerais l'y étreindre, là, maintenant, tout de suite.

Son regard pétille, comme il me plaît de le retrouver ainsi plein de vie et de malice.

- Tu aimes ? bien-sûr il faut encore habiller les murs, décorer mais je n'ai pas encore eu le temps d'y songer.

Elle parle, parle, ne cesse de parler, volubile, je me moque du flacon je recherche l'ivresse.

Son sens de la décoration n'a jamais fait défaut, une fois de plus il me faut l'admettre.

Je repense à cette nuit, fier de ne pas avoir cédé aux appels d'Halima,

Tandis que Monika est sous la douche, je sors de ma sacoche mon précieux contenu pour le mettre à l'abri, je m'aperçois à temps que Valentin a mal collé son étiquette avec l'adresse de sa boutique, qui sert de scellés à ses pochettes, une erreur d'attention et Monika tombait dessus.

A mon tour je file sous la douche pour en ressortir ravi. Demain je file chez Valentin, j'ai envie de franchir une nouvelle étape.

La nature semble renaître, je me sens bien même si je ne comprends pas tout ce qui se passe, je me sens bien est l'essentiel est là.

Valentin usez encore de vos sortilèges, je n'en tarirai pas la source qui les alimente.

Cette soirée passée avec elle fut d'une immense tendresse, après lui avoir massé le dos, à sa plus grande joie je lui ai caressé les pieds durant plus d'une heure,

Avions-nous eu envie l'un de l'autre à cet instant ? Oui pour ma part.

Je crois la connaître, il me semble tout ignorer d'elle.

Je ne cesse de te découvrir, femme mosaïque.

Pas de sexe dans ce nouveau lit, pas encore....

... La pièce est blanche, jusqu'à l'infini.

Elle est là, debout à quelques mètres à peine, je pourrais presque la toucher, elle me regarde presque plaintive, ses mains tenant les pans de son chemisier.

- Je peux ?

- Bien-sûr Monika, tu le peux, puisque c'est un rêve,

Soulagée par ma réponse elle l'arrache pour libérer ses seins congestionnés...

Je me réveille troublé, jamais encore elle ne m'avait parlé.

Le lendemain soir, le courage me manque face à Valentin, je lui tends bien-sûr une enveloppe avec de nouveaux négatifs mais pas celle contenant LA photo que je m'étais promis de confier à ses soins.

Manque de courage,

Je ressors de sa boutique déçu par ma faiblesse.

L'absence de Tabou, ma fatigue, je ne sais pourquoi, mes pieds ont plus de mal à me porter le long de la ruelle...

 

Valentin # 9

 chambre9-9

Voilà déjà plusieurs jours que Tabou est en vadrouille dans le quartier et qu'il m'a abandonné à ma solitude, et ce n'est pas la visite maintenant habituelle de Philippe qui va me remonter le moral. Il m'a paru si triste, si fatigué, que je n'ai pas voulu l'inquiéter davantage en l'entretenant de la fugue de Tabou.

chambre9-6Cette fois, Philippe est arrivé avec une série de négatifs, couleur ou noir et blanc, dont au premier abord je n'ai pas saisi la cohérence, sinon l'omniprésence de Monika. Bien-sûr, il y avait la découverte de ses seins, même si les mamelons et les aréoles en étaient encore cachés, comme sur toutes ses photos de nu d'une grande pudeur... Bien-sûr, il y avait sur deux photos la présence de Philippe, encore jeune, nu lui aussi à ses côtés. Photos très posées, presque trop bien construites. On sentait chez le photographe la volonté de faire du « nu artistique », de surjouer avec les ombres, les aplats de lumière, de rechercher la beauté jusqu'à en oublier l'âme de ses modèles... De longues heures dans l'antichambre des secrets ne me permirent pas de percer le mystère de cette livraison d'images, d'autant plus qu'en l'absence de Tabou, Monika demeurait désespérément muette.

Finalement, c'est en comparant ces clichés avec les premières photos que m'avait confiées Philippe que j'ai trouvé la réponse : au fur et à mesure que Monika se déshabillait, qu'elle livrait aux regards les secrets de sa peau nue, elle perdait de son insouciance, de sa frivolité. Son visage prenait des airs plus graves, comme si pour elle, et sans doute aussi pour Philippe, le sexe était une chose sérieuse avec laquelle il ne fallait pas plaisanter.chambre9-7

Sur deux photos en noir et blanc, Monika portait la panoplie complète du porno-chic : soutien-gorge et petite culotte tanga noire, bas noirs et porte-jarretelles, escarpins à talons hauts. Dans mes archives, j'ai retrouvé des photos que réalisait autrefois mon oncle Théodore lorsque, avant-guerre, il était photographe officiel dans des bordels de province. C'était lui qui était chargé de composer le « catalogue » de la maison que les clients pouvaient feuilleter afin de faire leur choix. Les « pensionnaires » posaient souvent avec le même attirail érotique que celui de Monika, mais il y avait dans leurs postures alanguies, dans leur façon d'écarter les cuisses, de lever un bras pour découvrir une aisselle, de s'abandonner aux profondeurs d'un sofa, une telle sensualité animale que, bien que ne montrant ni leurs seins, ni leur sexe, elles n'en étaient pas moins totalement obscènes. À l'inverse, il y avait dans les poses de Monika beaucoup de self-control ; la situation ne devait pas lui échapper, elle restait maîtresse du jeu. De toute évidence, même si elle en avait revêtu le costume, Monika n'était pas une putain ! Pourtant, quelque chose me disait qu'elle aurait aimé l'être un peu, rien qu'un peu, dans un moment d'égarement ou de fringale amoureuse, et que cela n'aurait pas été pour déplaire au pauvre Philippe, assailli par le doute et la peur de la routine conjugale.

chambre9-8Au soir du sixième jour, alors que je n'y croyais plus, Tabou est revenu, plus famélique que jamais, avec une oreille fendue et quelques estafilades. Une fois repu de croquettes, il m'a suivi jusque dans l'antichambre des secrets où il s'est pelotonné sur mes cuisses nues et s'est profondément endormi. Dans la cage de verre se tenait Monika en grande tenue de veuve lubrique. La traditionnelle voilette noire qui masquait à peine son regard lointain, laissait libre ses lèvres pulpeuses. Son visage n'exprimait aucun chagrin, rien qu'une sorte d'indifférence. Et pourtant, on aurait aimé qu'elle pleure pour avoir le plaisir de la consoler ! Son imperméable sombre, en tous points semblable à celui des exhibitionnistes devant les cours d'école, s'entrouvrait sur les trésors maintenant disponibles de son corps. Entre l'ourlet de sa jupe sombre et le haut de ses bottes noires, on découvrait ses genoux nus, sa peau nue qu'on avait envie de caresser entre ses cuisses, avant de lui demander de dégrafer son soutien-gorge afin qu'elle nous donne ses seins à boire...

- De qui portez-vous ainsi le deuil, jeune veuve à la tendre bouche ?

- Je porte le deuil de mes amours enfantines et de mon innocence. C'est pour cela que mes yeux ne sont pas noyés de larmes...

- Vous savez que le noir vous rend plus belle...

- Vous voulez sans doute dire plus salope... Si je vous disais, Valentin, que sous ma jupe je ne porte pas de culotte et que j'ai la chatte toute mouillée, vous me croiriez ?

- Je veux bien le croire. Si j'osais je vous dirais aussi que vous avez une bouche à sucer les bites...

- Vous êtes flatteur et vous savez parler aux femmes. Laissez-vous aller au sommeil et je viendrai peut-être vous y rejoindre...

Lorsque je m'éveillai en sursaut le lendemain matin, avec une sorte de gueule de bois lancinante, on tambourinait avec insistance à la porte de la boutique.

C'était Philippe...

 

 

 

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 5 novembre 2014 3 05 /11 /Nov /2014 08:00

Philippe # 8

 

chambre8-1Il est tard, je rentre à la maison une excuse en poche, inutile, elle est déserte.

Dans la cuisine, sur le frigo un mot :

« Ne m'attends pas avant 21h30, je t'aime »

Il me reste assez de temps pour faire du ménage et surtout préparer ma sélection de ces photos plus « personnelles », Cette fois je n'ai plus d'alternative puisque j'ai lâché le mot, il me faut aller au bout de ma démarche jusqu'à l'enveloppe ultime.

Il m'a fait comprendre que je n'avais rien à craindre, il paraissait même soulagé de me voir enfin revenir. La façon dont il s'est emparé de l'enveloppe, son empressement avec un sourire de soulagement.

Avant tout je dépose sans les ouvrir les deux pochettes de Valentin dans leur lieu de transit puis me rends dans la chambre y chercher le carton contenant mes précieux négatifs et photos,

Quelle surprise de découvrir les murs mis à nu par Monika ! Ainsi elle a commencé avec méthode les travaux dont elle parlait.

Après tout n'ai-je pas souhaité du changement ?

Je dépose le carton sur la table du salon et me lance dans les tâches ménagères. Au bout d'une heure d'une course haletante, je peux déguster une bière et me consacrer aux prochaines photos.

Combien ? Lesquelles ?

Mon choix se porte sur des images de différentes époques.

Une première série en noir et blanc dont je ne suis pas l'auteur puisque je ne la connaissais pas encore à l'aube de ses 19 ans, une autre où elle apparaît en robe courte de nouveau mais noire cette fois,

J'aime ses jambes effilées qui, malgré la petitesse de son corps, semblent sans fin.chambre8-5

Cette série en maillot de bain qui me rappelle tant de souvenirs...

,,,Il faisait chaud cet été-là aussi, Monika en rentrant du travail m'annonça qu'une de ses collègues l'avait invitée à venir se rafraîchir le lendemain dans sa piscine, Seule restriction, elle devait venir seule, Je ne connaissais pas cette femme ni son mari, mes seules informations étaient qu'il s'agissait d'un couple proche de la retraite qui vivait dans un village voisin. Monika me demanda de lui faire confiance et de ne lui poser aucune question. Je lui obéis tant et si bien que maintenant encore j'ignore tout de ce qu'il se passa une fois que leur porte se fut refermée derrière elle.

Jamais nous n'en avons parlé, A cinq reprises, je l'ai conduite là-bas et je venais ensuite la chercher lorsqu'elle me téléphonait, Jamais je n'ai vu le visage de ceux qui la recevaient.

Pourquoi ma présence était-elle indésirable?

Ce couple était-il naturiste et préférait se dévoiler face à une jeune femme seule ?

Même si j'avais une grande confiance en elle je me suis posé la question de savoir si elle aussi alors s'était mise nue totalement ou en partie, Un rapide coup d' œil dans son sac m'informa qu'elle n'avait apporté que son maillot une pièce, celui-là même qu'elle porte sur les photos.

Quelle était la nature de ces mystérieuses après-midi ?

J'ai bien tenté de deviner l'absence de marques de bronzage sur sa peau mais rien de probant.

Non, rien n'a jamais filtré de ces moments.

Juste une frustration énorme teintée d'une excitation de même intensité.

Il a dû se rincer l'œil, le cochon, de la voir ainsi débarquer toute jeunette, voir ses seins et sa toison bien taillée, peut-être même que son épouse aussi !

Elle va rentrer, mon enveloppe est prête, bientôt le week-end il me faudra attendre pour la tendre à Valentin.

J'aimerais avoir des nouvelles de Denis et de ce dessin commandé mais je n'ose le lui réclamer de peur qu'il ne l'exécute à la hâte, je sais combien il est pris par un emploi du temps surchargé.

Patience sera récompensée je le sens, inutile de précipiter les événements.

De retour elle s'assied sur le bord du brûlot, me demande une cigarette.

- Je croyais que tu avais arrêté ?

- Juste une, j'ai envie,

chambre8-7Elle l'allume et exhale un halo de fumée qui monte au plafond, sa main gauche posée sur le haut de sa cuisse revêtue d'un jean,

- Tu as vu ?

- Quoi ?

- La chambre !

- Tu n'as pas tardé

- Efficacité allemande, dit elle avec un sourire et son accent si craquant, Il faudrait que tu quittes la maison le week-end et me laisses travailler en paix,

Ses travaux semblent lui tenir à cœur et puis se sera l'occasion d'aller visiter une amie qui me réclame depuis bien longtemps, elle habite à quelques kilomètres de la boutique de Valentin, l'occasion est inespérée, je la saisis au vol.

Demain soir au sortir du travail, je pousserais sa porte,

Il est temps de se coucher, je suis le premier dans le lit, quelques notes à inscrire sur le carnet en attendant qu'elle sorte de la douche et la voici vêtue seulement d'une culotte blanche, les seins libres fermes et tendus, Comme ils sont beaux, je ne me lasse jamais de les admirer !

En chien de fusil elle s'allonge contre moi, malgré mon slip, je ne puis cacher mon désir d'elle,

Sans se retourner elle me demande si je souhaite qu'elle me soulage.

Je réponds non, cet état me va très bien.

Elle ne me cache pas être aussi en désir mais qu'elle trouve bon de devoir attendre encore.

Enivré par ses odeurs je m'endors...

,,,le papier de la chambre est lacéré, sa robe blanche également laissant apparaître ici la naissance d'un mamelon, là quelques poils pubiens.

Il n'y a plus aucun meuble, seul un cube blanc sur lequel elle est juchée, les mains derrière le dos,

Son regard ne lui appartient plus.

Elle mord sa lèvre inférieure, une goutte de sang perle et glisse inexorablement dans l'échancrure de son décolleté pour ressortir le long de sa cuisse gauche et finir sa course à ses pieds.

Tabou s'en délecte délicatement de la langue.

A la base du cube, une marée grouille, ils semblent attendre... chambre8-3

 

Je me réveille et la regarde.

Elle est belle, si belle, apaisée.

Semble sourire.

Je retrouve le sommeil ma main posée sur sa fesse gauche.

Au matin, je découvre son offrande de la veille, puis rince la baignoire, bois un café et, sacoche sous le bras je lui souhaite un bon week-end et du courage pour les travaux.

À demi endormie elle me remercie et me confie qu'elle ne sera pas seule.

Sans rien demander sur l'aide qu'elle recevra, je me sauve déjà en retard.

Peu avant 18 h je pousse la porte de l'obscure boutique de Valentin, Tabou est assis sur le comptoir et me tend le dos pour recevoir sa caresse.

Valentin met de l'ordre dans ses objets prenant un soin particulier à épousseter ce qui semble être un triptyque de bois sculpté,

Religieusement il le fixe au mur, renferme-t-il des images pieuses, j'en serais étonné certainement quelques estampes libertines.

Non rien de tout cela, l'une des portes s'entrouvre découvrant un miroir à la patine ancienne.

Avec soin, il la referme pour se consacrer à moi, regarde ma main tenant les images à venir.

L'une de ses mains plonge dans la fourrure de Tabou tandis que de l'autre il saisit l'enveloppe.

Quelques secondes qui semblent une éternité, nos deux mains ne la lâchent pas. Entre nous, Monika.

 

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Valentin # 8

 

- Vous y croyez, vous, à l'aluromancie ?

Ma question lui a paru tellement saugrenue qu'il a lâché l'enveloppe que j'ai aussitôt escamotée et rangée sous le comptoir. Monika était mienne.

- De quoi s'agit-il ?

- La divination par l'observation du comportement des chats.

À ces mots, il a eu un brusque mouvement de recul pour s'écarter de Tabou, comme s'il venait de se trouver en présence d'un serpent venimeux.

- Tabou est plus qu'un chat, ai-je poursuivi, il a aussi des pouvoirs divinatoires. Cela fait maintenant trois années que nous sommes familiers. C'est lui qui m'a choisi car, comme vous le savez, c'est le chat qui choisit de partager l'existence des humains...

- Comme c'est la femme qui choisit l'homme ?

- Exactement. Donc Tabou vivait dans la rue, c'était un chat de gouttière, comme tant d'autres. Et puis, un matin de printemps alors que la porte était entrouverte, il est entré dans la boutique et y a élu domicile.

- Pourquoi s'appelle-t-il Tabou ?

- C'est encore lui qui a choisi. Dans les premiers temps, j'ai essayé de l'appeler par beaucoup de noms, des plus banals aux plus farfelus, mais je sentais bien qu'aucun ne lui convenait. Jusqu'au jour où, au cours d'une conversation avec un client dans votre genre, j'ai employé le mot « tabou » et aussitôt le chat qui était là, couché sur le comptoir tout comme aujourd'hui, s'est mis à miauler très fort, d'un miaulement si singulier que j'ai compris qu'il venait de se reconnaître dans ce mot...

- Qu'a-t-il le pouvoir de deviner ou de prédire ?

- Tout dépend de la façon dont on s'adresse à lui ou dont on l'observe. Par exemple, vous vous souvenez que la dernière fois que vous êtes venu, il vous a suivi dans la boutique et est venu spontanément se frotter à vos jambes ?

- Oui, et alors ?

- Pour vous, c'est signe de chance et de réussite !

- Chance et réussite dans quel domaine ? Réussite professionnelle, sentimentale, financière ?

- Il faudrait le lui demander... mais on verra ça un autre jour. Aujourd' hui, il n'est pas disposé à vous répondre.

- Comment en êtes-vous sûr ?

- Je le sais, c'est tout.

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Je lui ai remis les photos de Monika en petite robe blanche, retirées sur papier glacé en grand format, débarrassées de leurs traces de poussière et d'usure, comme neuves.

Dès qu'il fut parti, je suis descendu directement au labo puis plus tard dans l'antichambre des secrets, impatient de me retrouver en tête-à-tête avec Monika.

Elle avait troqué le blanc pour le noir. C'en était terminé de la pureté virginale, de l'innocence. Place désormais à la malice, au vice, au péché de chair. Et l'un après l'autre me sautaient aux yeux les signes annonciateurs de la luxure. Ce n'était souvent qu'un tout petit détail, comme un léger pli dans le tissu du maillot de bain qui habillait ses fesses encore adolescentes, comme le discret bracelet de cheville qu'elle portait avec élégance, comme le mystérieux tatouage au-dessus de son sein gauche, comme la dentelle noire de son soutien-gorge, comme le masque d'oiseau de nuit prêt à fondre en silence sur sa proie, comme le verre de whisky aussi puissant qu'un philtre d'amour qui allait bousculer tous les tabous, renverser les dernières barrières de la pudeur. Sous ses paupières fardées, son regard luisait parfois d'un éclat de perversité malicieuse...

Au cours des trois nuits que je passai seul avec Monika dans l'antichambre des secrets, pas une seule fois elle ne se départit de son silence, se contentant de ce sourire énigmatique que dessinaient ses lèvres charmantes. Peut-être l'absence de Tabou, parti en escapades nocturnes dans le quartier, y était-il pour quelque chose.

 

Lors de la dernière nuit, je m'intéressai au décor insolite de ces photos et il m'a semblé soudain comprendre le caractère rituel, quasiment religieux, de ces séances de pose. Devant mes yeux défilaient les différents moments d'une cérémonie, soigneusement mise en scène. C'était comme si Monika se trouvait au pied d'un autel, avec icône des ancêtres, candélabre dont les lumières attestaient de la présence divine, bouquet de fleurs en offrande, narguilé en guise d'encensoir, sans oublier les libations d'alcool censées mettre la prêtresse en transe, afin qu'elle entre en relation avec les esprits invisibles mais si proches de la prochaine saturnale. Habillée de noir, Monika était-elle vraiment la grande prêtresse de la cérémonie ou, apprêtée pour le sacrifice, n'en était-elle pas tout simplement la victime expiatoire mais consentante ?

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 28 octobre 2014 2 28 /10 /Oct /2014 08:30

Philippe # 7

 

Voilà cinq jours que je n'ai pas franchi le seuil de sa boutique.

Cela me paraît une éternité maintenant.

Au début tout allait si bien que j'en oubliais presque l'existence de Valentin tant ma vie avait été bouleversée par les changements du quotidien.

chambre7-0Dés le lendemain, estomaqué, j'ai vu Monika se rendre au travail dans une tenue inconcevable quelque temps auparavant.

Lors de ses achats effectués la veille sa garde-robe avait pris un coup de fraîcheur.

Elle vint fièrement me souhaiter une bonne journée vêtue d'un chemisier à l'échancrure plus ouverte que d'habitude, sa gorge était mise en valeur par une parure plongeante, de nouvelles boucles d'oreilles, un maquillage plus seyant et cette mini-jupe, jamais elle n'en avait porté jusqu'à présent, des robes courtes oui, mais de mini-jupe point.

Sans oublier ses escarpins aux talons hauts révélant sa cambrure naturelle, les lanières de cuir étreignant ses mollets semblaient à regret ne pouvoir monter plus haut.

L'imaginer, loin de mon regard mais offerte à d'autres la journée durant me vit vaciller de bonheur.

Même si je nourrissais quelques regrets, il me fallait accepter cette clause du contrat, n'avais-je pas désiré ce changement ?chambre7-1

Comme j'aurais aimé être ces autres yeux qui allaient sans nul doute se poser sur son corps.

Il en avait été ainsi lorsque je lui avais offert sa petite robe blanche, elle l'avait trouvée magnifique mais avait renoncé à l'acquérir en arguant du fait que jamais elle n'oserait la porter.

À son anniversaire, lorsqu'elle la sortit de son paquet, elle m'embrassa me remerciant de lui forcer la main.

Puis elle la porta souvent, très souvent, il faut dire qu'elle lui allait à ravir, mettant son corps en valeur, de sa poitrine à sa taille de guêpe.

Je me souviens encore d'un après-midi où nous étions allés en ville faire des achats, j'avais oublié la carte bancaire dans la voiture, Monika sans moi avançait vers la zone marchande, elle était à une vingtaine de mètres, encore un jeune couple à doubler pour la retrouver lorsque j'entendis la femme dire à son mari :

- Pas la peine de te demander ce que tu regardes !

Celui-ci lui répondit :

- Je ne vais tout de même pas cracher sur ce qui est joli, elle a un beau cul non ?

- C'est vrai elle est craquante.

Quel délice pour moi de surprendre ces confidences !

chambre7-2J'en entendis d'autres et il m'arriva souvent de prendre du retard et la laisser ainsi en pâture aux regards et commentaires.

Monika s'épanouissait ces derniers jours comme jamais, le climat de mystère qui régnait entre nous au lieu de nous éloigner nous rapprochait.

Je n'avais jamais été aussi inspiré dans l'écriture de mes chapitres, le carnet qui ne me quittait plus fut vite complet.

L'écriture d'un livre illustré était-elle encore nécessaire, n'avions nous pas retrouvé le cap dont la routine du quotidien nous avait éloignés ?

Mes récoltes en salle de bain étaient de plus en plus fructueuses.

Enfin notre vie prenait un tour nouveau !

Elle m'avoua elle-même dormir mieux, la deuxième nuit avant de la rejoindre dans le monde des songes je la vis arborer un sourire si beau si pur en plein sommeil.

Le reptile n'était plus à l'affiche de mes rêves même si la queue de Tabou était devenue sinueuse et d'une longueur inhabituelle pour un chat autour des jambes de Monika.

Monika dans sa robe blanche qu'elle allait faire glisser sans que je la voie tomber à ses chevilles. Le lendemain le rêve hoqueta sa trame à l'identique.

Ainsi passèrent les premiers jours, vite, si vite, trop vite.

Au troisième, l'orage qui couvait, s'abattit sur nous refroidissant l'atmosphère, adieu les audaces vestimentaires, ma plume elle aussi sembla frappée par la foudre, je n'ouvris que deux fois mon carnet, le lendemain je l'oubliai même dans le tiroir de mon bureau.

Je sortis sans grande gloire de la salle de bain totalement bredouille.

Hier soir, je me suis décidé à ouvrir la pochette cachée en haut de l'armoire histoire de retrouver l'inspiration. Avant de l'ouvrir j'en caressai la surface lisse pour m'imprégner de son contenu puis religieusement je sortis une à une les quelques photos.

Oui Monika était belle, cela ne faisait aucun doute Valentin savait y faire en bon artisan mais je ne retrouvais pas l'émotion première presque animale ressentie dans sa boutique.

Ce n'était pas cette Monika que j'avais cru apercevoir !

Ou était-ce l'émotion de me savoir observé par lui ?

Une à une, je les ai étalées sur la table basse du salon, elle était belle dans son insolente jeunesse.

Il me fallait vérifier ce qui n'avait peut-être été qu'une illusion. Avant le retour de Monika à une heure sans surprise, je rangeai la pochette dans le tiroir de mon bureau, prenant soin d'en dégager la surface pour mieux l'inviter à s'asseoir,

Elle me confia avoir déjà mangé, souffrir de migraine et avait tellement hâte de dormir qu'elle ne prit aucune douche.

Il me fallait agir au plus vite et m'en retourner auprès de Valentin.

Il était temps de recharger la pile en allant retirer les photos en attente et lui en confier de nouvelles.

J'allais cette fois franchir un seuil de non-retour avec des photos plus lascives, audacieuses même s'il était encore exclu que sa chair fût trop exposée.

Comment allais-je lui dire que bientôt, même s'il devait s'en douter,,,, ?

Au matin, je fermai la porte laissant Monika encore en sommeil, j'avais prévenu le bureau que je serais en retard, prétextant un rendez-vous médical.

À l'ouverture je devais le surprendre.

Tabou était devant la porte se frottant à moi et me suivit dans la boutique, Valentin parut soulagé de me voir, il faisait incroyablement chaud à l'intérieur pourtant jamais le soleil ne paraissait en mesure de l'atteindre.

Il me remit les deux pochettes qui m'attendaient et qui trouvèrent rapidement refuge dans ma sacoche, je lui tendis une enveloppe plus épaisse qu'à l'accoutumée et profitant de la présence de Tabou à mes pieds pour passer ma main dans sa douce fourrure je lui demandai sans lever les yeux si cela poserait problème si je lui confiais des travaux plus, comment dire, personnels ?

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Valentin # 7

chambre7-9J'ai passé plusieurs nuits consécutives dans l'antichambre des secrets, en tête-à-tête avec les représentations en trois dimensions de Monika, prisonnière de sa cage de verre. Comme à chaque fois, je me suis trouvé en présence de deux femmes dans un même corps. Il y avait d'un côté Monika la Gypsie, en robe indienne, multicolore et mystique, et puis Monika la Libertine, en robe blanche, si courte et frivole... Quand il m'a confié ces photos à retirer, Philippe m'a demandé si j'accepterais de travailler sur des clichés « plus personnels ». Voilà un adjectif qui cache mal son jeu. Si j'avais été d'humeur taquine, je lui aurais demandé de préciser ce qu'il entendait par « personnel », rien que pour le plaisir de le voir rougir, de l'entendre bafouiller, de lui donner les mains moites... Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie. Il avait l'air si amoureux, si fragile, que je ne voulus pas l'effrayer davantage. Alors, je lui ai simplement répondu que j'étais un photographe professionnel et que par conséquent, je n'avais a priori aucune raison de refuser un travail quel qu'il soit...

- Je vais vous confier un secret, lui ai-je dit en étalant sur le comptoir les photos qu'il venait d'apporter. Il y a des images de vacances en famille au bord de la mer ou de réveillons de Noël qui sont plus vulgaires et obscènes qu'une photo de jeune femme nue, je veux dire vraiment nue...

Je crois qu'il est reparti rassuré et plus confiant en l'avenir. La prochaine fois qu'il viendra, il faudra que je lui explique pourquoi la présence de Tabou est importante.

Lorsque j'ai ouvert cette boutique, il y a de cela plus de trente ans, il arrivait souvent que des parents se présentent avec un bébé et me demandent d'en faire un portrait à l'ancienne, en noir et blanc, tout nu sur une peau de mouton. Face aux photos de Monika en petite robe blanche, prenant la pose sur un tapis flokatis de laine blanche, j'ai retrouvé l'émotion de ces travaux d'antan. Certes Monika n'était pas déshabillée, mais elle n'en était pas moins nue. Sa robe, ses sandales, ne servaient qu'à suggérer sa nudité. Le compas entrouvert de ses jambes traçait des angles lascifs, la délicatesse de ses genoux encore adolescents était une invitation pressante à la caresse d'une main aimante, une main qu'elle aurait laissé effleurer le galbe de ses mollets, enserrer ses chevilles lacées, et plus tard remonter entre ses cuisses qu'elle aurait docilement écartées...

Ce fut au cours de la seconde nuit, alors qu'elle était à quatre pattes sur le tapis de laine, cambrée comme une chatte en chaleur malgré - ou à cause de ? - sa petite robe blanche que nous avons commencé à nous parler.

- Je vous plais comme ça, Valentin ?

D'emblée, j'ai apprécié sur ses lèvres le voisinage du vous et de mon prénom.

- Oui, bien-sûr. Pour tout vous dire, je vous préfère dans cette petite robe qu'en jupe indienne. Le blanc vous va si bien ! Et puis, il aurait été dommage de cacher de si belles jambes !chambre7-8

- Philippe pense comme vous. Je le soupçonne même d'avoir pris plaisir à ce que je la porte en public et que les hommes me regardent avec du désir dans les yeux.. Vous bandez ?

- Un peu... mais je saurai rester sage...

Ce fut ainsi, elle à quatre pattes sur son tapis de laine, moi assis en érection dans mon fauteuil de velours rouge, que nous nous sommes parlé, comme deux êtres familiers. Sa voix enfermée dans sa cage de verre avait quelque chose de cristallin et d'exotique. Le plus étrange, c'était que si elle prenait une pose plus humaine, qu'elle se mettait debout ou simplement assise ou agenouillée, elle perdait tout aussitôt son don de la parole, comme si ce n'était qu'en posture féline d'attente de saillie jusqu'au bas des reins que lui venaient les mots.

 

 

Je n'ai pas gardé de souvenirs très précis de ce que l'on se disait . En effet, au bout de quelques minutes, je sombrais dans une sorte de sommeil comateux où se poursuivait notre conversation intime. Lorsque je me réveillais au petit matin, elle était toujours là en robe blanche, immobile mais muette, dans sa cage de verre. Je ne bandais plus et des larmes de sperme avaient séché sur mon ventre et empesé mes poils pubiens...

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 20 octobre 2014 1 20 /10 /Oct /2014 09:51

Philippe # 6

chambre6-1Il est presque 22 heures, je suis dans le canapé, la nuit est chaude mais malgré la tension perceptible il n'y aura pas d'orage ce soir.

J'ai pu écourter ma réunion en fin d'après-midi pour arriver jusqu'à la boutique avant sa fermeture. Pas de chat dans la ruelle.

Lorsque j'ai franchi la porte, il n'a pas paru surpris de me revoir si rapidement, il faisait du rangement parmi tous ses objets.

J'ai prétexté avoir à faire en ville pour des raisons professionnelles.

M'a-t-il cru ? Peu m'importait, l'essentiel était de justifier ma présence d'une façon ou d'une autre.

Dire que je le trouve étrange alors que mon comportement est plutôt singulier.

J'ai posé ma sacoche sur le comptoir ayant pris soin de mettre au secret la première pochette dans une armoire, difficilement accessible à Monika,

Alors que j'étais en train d'en extraire l'enveloppe contenant les négatifs des travaux suivants il m'a tendu ceux qu'il avait développés.

Je fus décontenancé, surpris par sa rapidité d'exécution : il est vrai que je devais être l'un de ses rares clients.

Sa vie semblait être vouée à la solitude.

À le côtoyer, je le trouve sympathique malgré ou peut-être à cause de ses manies.

Avec difficulté, je suis parvenu à refuser de prendre la pochette, expliquant que je ne pouvais pas le régler faute d'argent, en réalité je ne voulais pas, pas encore du moins être tenté de l'ouvrir.

Trop tôt, ce n'était pas encore le moment.

Je les prendrais la prochaine fois, il parut déçu, du moins il me sembla, si j'avais osé fixer son regard.chambre6-2

Pour apaiser sa déception, je lui ai demandé s'il lui était possible d'effectuer des travaux spéciaux sans avoir de négatifs, juste des photos originales, comme restaurer des photos anciennes, les agrandir ou recadrer,.

Il ne pouvait se prononcer sans voir l'état des images mais il me confia avoir déjà réalisé quelques miracles pour le plus grand plaisir de ses clients,

J'allais réfléchir et au moment de prendre congé, il me précéda en ouvrant la porte, m'évitant ainsi, à dessein peut-être, tout contact avec le reptile de la poignée.

Je ne me suis pas retourné, mon regard fixé vers le goulot de la ruelle, je l'entendis juste appeler au loin :

- Tabou, Tabou, Tabou

Un miaulement puis le fracas du rideau métallique.

Quel drôle de nom pour un chat !

22 H 15 : le bruit de la clé dans la serrure, elle est enfin de retour.

Où était-elle ? Aucune envie de le savoir, le contrat fixé hier au soir est clair, jusqu'à sa date anniversaire aucune question ne sera posée à l'autre.

Lorsqu'elle dépose ses sacs encombrants je la découvre rayonnante dans cette petite robe blanche cintrée à la taille et dévoilant à mi-cuisses ses fines jambes, Les lacets de ses sandales remontent haut sur ses mollets délicats.

- Je me suis fait plaisir, dit-elle sans en expliquer l'énigmatique sens,. Et toi, as-tu passé une bonne journée ?

- Excellente, merci ,mais j'ai beaucoup de travail en retard.

- Promets-moi de ne pas ouvrir les sacs en cachette, tu m'as donné carte blanche pour du changement,

- Promis

- Bon je file sous la douche.

Plus tard, lorsqu'elle me rejoint, elle arbore un magnifique sourire.

- Et bien, le mystère te profite bien, la salle de bain n'a jamais été aussi propre, bravo ! Pardonne-moi je file me coucher, je suis épuisée.

Elle dépose sur ma bouche la fraîcheur de la sienne et me demande de ne pas veiller trop tard.

En effet, la salle de bain est d'une propreté laborantine, j'y ai passé plus d'une heure à la nettoyer de fond en comble, l'inspectant dans les moindres recoins,

Trente-deux ! Jamais je n'aurais pensé en trouver autant et pourtant tous se sont retrouvés exclus de ma sélection, ne possédant pas à mes yeux le label de fraîcheur que je me suis fixé.

Par contre lorsque je m'y rends après son passage, les six que je découvre viennent compléter le contenu de ma boite,

J'ai envie d'elle mais elle dort déjà je le sais, je rentre dans la chambre pour simplement la regarder, ses cheveux tombent sur ses épaules et couvrent la naissance de ses seins.

Je la laisse au bras de Morphée pour retrouver le canapé.

Je songe à Denis la croquant, Valentin lui donnant le bain et je glisse...chambre6-3

 

Le serpent à quitté la porte, Valentin est derrière le comptoir me fixant du regard, Tabou se frotte à mes jambes. Comme fixé au sol je le suis du regard lorsque d'un coup de patte il ouvre la porte en contrebas d'un escalier dévoilant Monika allongée sur une sorte de table, tout sourire, comme apaisée, Elle remonte sa robe blanche jusqu'à sa taille dévoilant une jarretière. Sur son bas-ventre, enroulé sur lui même, il dort...

 

En sursaut je me réveille, la surprise passée, je tente en vain de fermer les yeux pour retrouver la trace du songe, en vain.

Au matin, un bisou sur mon front me signifie qu'il est temps de se lever. Sans me le reprocher, elle me dit que dans le lit j'aurais mieux dormi et que même si nous nous sommes promis l'un à l'autre abstinence jusqu'à la date échéance, il n'est pas question de faire couche à part.

 

 

 

 

Valentin # 6

chambre6-5Hier, pour la première fois, j'ai eu un semblant de conversation avec le mari de Monika. Oh, pas de confession intime, pas de révélations fracassantes, mais un simple échange de considérations techniques sur mon travail. Je sais que les visites de Philippe – c'est ainsi qu'il s'est enfin présenté – vont devenir de plus en plus fréquentes et qu'au fil des rencontres, nos paroles respectives vont se libérer. En attendant, il m'a apporté à retirer une série de clichés de leur mariage, photos exclusivement consacrées à la rituelle mise aux enchères de la jarretière de la mariée. Dans mes activités professionnelles, je n'ai jamais éprouvé aucun plaisir à effectuer des photos de mariage. Peut-être parce que je n'ai jamais moi-même envisagé de me marier. En règle générale, je me tiens éloigné des groupes ; les foules m'angoissent. Et pourtant, pour la première fois, j'ai accepté ce travail. Ce n'est pas pour l'argent : cela fait très longtemps que je ne travaille plus pour gagner ma vie. En effet, l'héritage de mon oncle Théodore m'a mis à l'abri du besoin pour le restant de mes jours. Je suis donc un homme libre, libre de dire non, libre de mes choix... Ce qui m'a poussé à déroger à ma règle de conduite ? La curiosité, une certaine sympathie et aussi cette histoire de jarretière. D'habitude, les photos de mariage sont d'une consternante niaiserie : le jeune couple dans un parc avec un étang et des cygnes blancs, la photo de groupe genre photo de classe avec costards trop neufs, souliers vernis trop serrés, trop grands chapeaux à fleurs, la sortie d'église avec averses de riz et chemin semé de pétales de roses... Affligeant ! Apparemment, le mariage de Monika et Philippe n'eut rien de grandiose. Pas de tralala ! À la bonne franquette ! La fête avait eu lieu dans un sous-sol, peut-être un garage... Objet de tous les regards, juchée sur une chaise, il y a la mariée qui, au gré des enchères, se laisse remonter ou abaisser le bas de sa robe blanche jusqu'à découvrir la jarretière enroulée autour de sa cuisse gauche. L'ambiance était à la franche rigolade, agrémentée d'une bonne dose de grivoiserie. C'est Philippe, le tout jeune marié, qui photographie d'un oeil amusé; mais sans doute également un peu troublé, l'exhibition de sa toute jeune épouse. Car ce faisant, il laisse dévoiler à toute l'assemblée les bas blancs de Monika, laisse deviner ses dessous affriolants mais cachés : sans doute un porte-jarretelles et une toute petite culotte blanche elle aussi... C'est donc bien de sexe qu'il s'agit ! L'invité qui remporte les enchères acquiert aussi le droit d'ôter lui-même, parfois avec les dents, la jarretière tant convoitée. Il a ainsi non seulement le privilège du toucher, mais aussi celui de respirer les parfums secrets, les odeurs intimes des dessous de la mariée...chambre6-4

Confortablement assis dans le fauteuil de l'antichambre des secrets, Tabou endormi sur mes cuisses, je contemple le visage de la jeune mariée : elle a l'air heureuse, insouciante. Le jeu lui plaît... À ce moment précis, à quoi pensait-elle ? Avait-elle conscience que cette jarretière enroulée sur sa cuisse était comme le serpent du jardin d'Eden ? Serpent tentateur, révélateur de la connaissance, du désir, du plaisir d'amour, de la jouissance... Elle en riait...

D'une main distraite, je caresse la douce fourrure de Tabou qui ronronne. Me revient alors en mémoire l'imperceptible hésitation de la main de Philippe au moment de pousser la porte de la boutique, de poser ses doigts sur le serpent à deux têtes de la poignée en ébène de Macassar...

Serpent à la langue bifide, au double langage, capable de vérité aussi bien que de mensonge. Serpent qui mord, qui étouffe, qui crache son venin comme le phallus crache son sperme ; reptile au sang froid que l'ardeur du soleil réchauffe comme la tendre caresse d'une main réveille le sexe endormi... Serpent qui tue ou qui guérit des maux d'amour. Songeait-elle à tout cela alors qu'elle sentait le long de sa jambe glisser sa jarretière de jeune mariée ?

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 14 octobre 2014 2 14 /10 /Oct /2014 08:30

« La chambre obscure », chapitre 5

Philippe

 

chambre5-1Pressé de sortir, hâte de plonger mon regard dans le sien entraperçu, je balbutie un au revoir, ma main va pour pousser la porte lorsque , brusquement, j'interromps mon geste.

Etais-je à ce point décontenancé à ma première visite pour ne pas l'avoir remarqué ?

Il me rappelle celui que je devais affronter lorsque ma grand-mère chez qui je passais des vacances me demandait de l'accompagner jusqu'à la pharmacie.

Parfois lorsqu'elle était trop chargée de commissions, je devais saisir moi-même cette poignée pour ouvrir la porte : elle était froide, en métal verdâtre et figurait un serpent à la gueule ouverte.

À chaque fois, la nuit même, ce serpent venait hanter mes cauchemars.

Celui de la boutique du photographe était sculpté dans un bois d'essence exotique mais tout aussi inquiétant car il avait cette particularité d'être bicéphale...

Je marmonne, faisant semblant de chercher mes clés pour faire diversion et cacher mon émoi ; une fois la peur enfantine chassée, je m'empare de la poignée de porte.

Son corps est chaud.

Dehors mon compagnon de ruelle semble m'attendre, je lui envoie un salut de la main, il demeure immobile, le regard fixe et curieux.

Je ne puis ouvrir ici ma sacoche, Valentin me guette peut-être et il me faut vite rejoindre la gare, mon train ne saurait tarder.

Je trouverai bien un compartiment vide pour enfin l'admirer.chambre5-2

Après quelques recherches me voici assis au calme, lorsque je m'apprête à enfin ouvrir la pochette aux photos, arrive un vieux monsieur encravaté précédé d'une jeune femme brune d'à peine vingt ans.

Elle s'assied à mes cotés, lui face à elle, sans doute pour admirer la jupe courte et les collants de la demoiselle.

Je serais hypocrite de le condamner, ne suis-je pas en train d'exhiber ma propre femme au regard d'un inconnu ?

Ma voisine apprendra je l'espère avec l'âge à être plus discrète en se parfumant.

Je connais déjà la réaction de Monika ce soir à mon retour.

- Ben dis donc tes collègues se parfument avec un arrosoir de Chanel !

Je suis censé rentrer tard à cause d'une réunion d'équipe, il me faudra faire montre de talent et d'imagination.

D'autant que la jeunette plutôt que d'occuper une place à l'extrémité du wagon semble vouloir se coller à moi, fort heureusement ma sacoche fait rempart entre nous deux.

Lorsque je pénètre dans la maison, j'entends le bruit de la douche qui vient de s'arrêter, juste le temps de glisser la sacoche dans le tiroir de mon bureau et d'un bisou elle m'accueille encore humide, le corps nu enroulé dans une serviette,

- Tu rentres tard, tu sens fort !!!

Regard interrogateur.

- Bientôt ton anniversaire- stop- Top secret- stop,

Sourire complice.

- File sous la douche- stop- sinon divorce- stop- lol

J'entre dans la salle de bain, me déshabille, alors que je vais pénétrer dans la baignoire, je le remarque à quelques centimètres à peine de la bonde, encore un peu et il allait disparaître.

Délicatement je le saisis pour le poser sur le meuble voisin, bien vite j'en découvre d'autres, ils sont maintenant au nombre de sept que je conserve dans une boite transparente.

chambre5-0Je prends ma douche et retrouve Monika assise dans le salon, elle a pris soin de repousser mes dossiers et courriers.

Ses jambes nues se balancent, ses mains s'entrelacent, elle est radieuse, ses cheveux à peine secs tombent en boucles d'or. Seulement vêtue d'une culotte et d'un fin tee-shirt blanc sous lequel je devine la pointe de ses seins libres.

Elle me confie son envie de changer le décor de notre chambre, son mobilier, son ambiance mais aussi sa garde-robe.

Hypnotisé par son charme je l'écoute.

Ok Monika je te laisse carte blanche pour la décoration en échange, jusqu'à ton anniversaire permets-moi de revenir un peu plus tard qu'à l'accoutumée sans avoir à me justifier.

Trop heureuse du marché conclu elle m'invite à la suivre au lit.

Dans une position de tendresse, en chien de fusil, serrés presque nus l'un contre l'autre, elle s'endort tandis que je songe.

Finalement je n'ai pas envie d'ouvrir la pochette de Valentin, j'aurais trop peur de rompre le charme,

Ce que je vis en ce moment est si beau, je serais fou de demander plus.

Je n'ai pas envie d'attendre pour me rendre chez Valentin, dés demain je lui apporterai de nouvelles épreuves à développer.

Il sera surpris sans doute de me revoir si vite, même s'il n'est pas dupe.

Il m'a dit la trouver belle et semblait sincère.

Pourquoi n'ai-je pas répondu qu'il n'avait encore rien vu ?

Il trouve le prénom de Monika peu approprié, quel est celui qui l'aurait été selon lui ?

Comment vais-je la lui dévoiler, dans quel ordre son intimité apparaîtra ?

Mes paupières s'alourdissent,

Je sais déjà quelle enveloppe demain je lui porterai...

...Elle est nue sous les draps, les yeux ouverts, elle sourit sans mot dire, il approche, glisse vers elle, doucement, sans un bruit...

Je me réveille en sursaut !

Ecrasé de fatigue je me rendors aussitôt.

Le lendemain, je quitte le travail plus tôt que d'habitude.

J'ai pris soin de n'emporter dans ma sacoche que la seule enveloppe que je dépose sur son comptoir.

Il m'attendait...

chambre5-3

Valentin

Il est revenu, toujours aussi mystérieux et taciturne. Je ne connais même pas son nom et je dois avouer que sa démarche est plutôt déroutante. En effet, après les premiers travaux qu'il m'avait demandés d'effectuer – pour me tester, j'en suis sûr – je m'attendais logiquement à des clichés de plus en plus indiscrets, voire indécents. En près de trente années de métier, j'ai fini par connaître – de fond en comble, si je puis dire – les galeries secrètes du temple aux fantasmes masculins. Dans le saint des saints, resplendit et palpite le sexe magnifié de la femme, mais avant d'y parvenir, le regard et la pensée doivent emprunter une sorte d'itinéraire initiatique qui passe par le dessin de sa bouche, la douce pesanteur de ses seins et de ses fesses, l'arrondi de son épaule, avec parfois un détour inattendu par la fontaine de son nombril ou une touffe axillaire... Mais, quel que soit le chemin, depuis la nuit des temps, le but ultime en est toujours le même, s'agenouiller, se prosterner, aux portes du sanctuaire devant le tabernacle sacré : des cuisses écartées, un mont de Vénus majestueux, des nymphes pulpeuses, un clitoris turgescent, une vulve entrouverte...

chambre5-5Aussi, quel ne fut pas mon étonnement lorsque, à l'ouverture de l'enveloppe qui contenait sa nouvelle commande, de n'y trouver que des photos de mains et de pieds. Sans doute les tarses et métatarses de la belle Monika ! Tout cela était si inattendu, si saugrenu, que j'ai d'abord cru à une erreur ou à une plaisanterie ; mais ce n'était pas le genre du personnage. J'ai pensé aussi au fétichisme, après tout pourquoi pas ! Mais là encore, ça ne collait pas : le fétichiste ne s'intéresse qu'à l'unique objet de son culte, le reste lui est totalement indifférent. Dans ce cas, pourquoi mon client m'aurait-il d'abord apporté des photos sans rapport direct avec ses fantasmes ongulés ? Non, la réponse était ailleurs...

C'est dans la pénombre orangée du labo que j'ai enfin donné un sens à ces photos d'ongles soigneusement manucurés et vernis, de pieds nus... Ongles apprêtés pour séduire, mais aussi ongles acérés pour griffer, pour lacérer ; pieds nus pour s'approcher à pas feutrés ou pour s'enfuir au premier danger... Ainsi, je redécouvrais Monika la féline, tout à tour chatte domestique ou lionne sauvage, fauve câline ou cruelle, ronronnante ou rugissante... Cette dualité se retrouvait dans les photos, dans le contraste entre la douceur candide des motifs qui fleurissaient sur ses ongles et la menace de leur fond de vernis noir, avec parfois même une touche sanguine encore plus inquiétante...chambre5-6

Ainsi l'homme se jouait de moi, m'entraînant malgré moi dans une sorte de jeu de piste érotique, balisé d'indices et d'énigmes, qui devaient me mener inexorablement aux portes encore closes de ce que les Grecs anciens appelaient le Naos, l'épicentre du temple où s'élevait la statue de la divinité...

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 6 octobre 2014 1 06 /10 /Oct /2014 09:38

Philippe 4

 

Monika vient de quitter la maison pour passer une soirée entre collègues, Tout est calme, dans le salon flotte encore Petite robe noire de Guerlain, je le lui avais acheté lors de son précédent anniversaire, Le prochain approche à grands pas et je n'ai toujours rien acheté.

chambre4-2Depuis quelques semaines, je ne vis plus mes moments de liberté qu'au rythme de mon projet.

Obsédant, il vampirise mes pensées.

La séparation d'un couple d'amis a tout déclenché ; le temps est cruel avec les serments d'autrefois.

Je voulais au départ lui écrire une lettre, rappeler à son souvenir ce que nous étions, évoquer nos émotions charnelles, expériences vécues, frôlées mais aussi fantasmées.

Je voulais clamer haut et fort mon amour pour elle malgré les années passées.

Mais très vite le flot de souvenirs m'a submergé et le cadre d'une lettre m'a paru trop étroit, j'avais tant à dire. La lettre est devenue livre.

Je ne voulais plus lui écrire à la deuxième personne comme initialement prévu mais qu'elle lise l'histoire de Monika, qu'elle se découvre.

Le récit s'est structuré en chapitres distincts, je me suis rendu compte à quel point encore elle nourrissait mon imaginaire, Monika mystérieuse femme tiroirs.

Impossible de l'évoquer sans iconographie, j'ai alors réuni toutes les photos d'elle mais aussi certains négatifs jamais mis à la lumière.

Il me fallait sélectionner les plus belles images d'elle, les plus osées aussi.

À l'abri derrière l'écran, j'ai pris contact avec un laboratoire qui semblait à même de pouvoir développer son intimité, Je m'apprêtais à leur faire parvenir une première salve de photos à fixer sur leur plus beau papier lorsque j'ai croisé la route de Valentin Deriez.

Il me vint alors à l'idée de mettre en scène la partie fantasmée de mon ouvrage.

Mes recherches furent rapides, le trait de Denis Verlaine s'est vite imposé à mes yeux comme légitime pour sublimer le corps de Monika dans des évocations raffinées.

Il a déjà réalisé une aquarelle de ma belle.

Avec le temps, son trait s'affinera et épousera au mieux la plastique de ma femme.

Le trait de sa mine pénétrera au plus prés de son corps.

Denis me réclame des photos plus précises, d'une définition supérieure.

Ce sera le travail de Valentin Deriez.

Valentin,,,, Je le connais à peine et déjà tel un familier je l'appelle par son prénom.

Quel homme étrange ! J'avoue frémir à l'idée du jour où je franchirai la porte de sa boutique avec dans ma sacoche des négatifs plus intimes.

Pour l'instant de Monika je lui confie des photos au corps sage, quand sera-t-il lorsque ce dernier glissera ?

Perdra-t-il alors cette habitude de poser devant moi les bandes de négatifs sur sa table lumineuse ?

Je trouve cela à la fois dérangeant et terriblement excitant.

Et cette façon qu'il a de les passer avec délicatesse à proximité de ses narines comme s'il voulait capter une odeur, sans doute un toc de vieux laborantin éprouvé par l'ennui.

Ce qui est bizarre c'est mon incapacité à me souvenir de la couleur de ses yeux, j'avoue les avoir peu fixés tant son regard est pénétrant. Il semble lire en moi.

Le bonhomme a dû voyager beaucoup tant sa boutique est pleine d'objets hétéroclites venus d'horizons lointains,

On se croirait dans la caverne d'un antiquaire et ce parfum indéfinissable qui y règne.

Demain je vais enfin découvrir le fruit de son travail et lui en confier un nouveau.

Dans une enveloppe j'ai glissé des négatifs de Monika dont ceux de ce week-end passé à Paris avec un couple d'amis. Monika m'a confié plus tard que ce soir-là elle n'aurait pas été opposée à ce que nos deux couples, le temps d'une nuit, n'en forment plus qu'un.

Il aurait suffit d'un rien, une allusion, un geste, un regard, une étincelle...

Je la trouve sur ce lit étonnement rayonnante, séductrice.chambre4-1

Sans doute Valentin a-t-il déjà vu des femmes beaucoup plus à son goût, il est possible même que Monika ne soit pas à ses yeux une femme remarquable.

C'est étrange de confier ainsi son épouse à d'autres hommes, j'en ressens, je ne le nie pas, un vif plaisir.

Comme j'avais pris goût à la voir, par deux fois, poser nue face à André, ce photographe amateur en retraite qui ne cacha pas sa fascination pour sa poitrine.

Il s'en approcha jusqu'à dessiner à même ses seins en prenant un soin particulier à l'aide du crayon de maquillage d'en cerner les tétons et les aréoles.

Le dessin était maladroit mais l'émotion grande.

Oui montrer Monika me procure de troublantes pensées mais j'ai presque besoin pour poursuivre mon ouvrage que Denis et Valentin épaulent ma démarche chacun à sa manière.

Le fruit de cette collaboration sera au final soumis au regard de Monika.

Ce soir, je suis d'humeur songeuse, je n'ai pas envie de finaliser le chapitre de l'expérience vécue avec ce photographe, Ce sera pour plus tard.

M'allonger dans le canapé me suffit, rêvasser à demain,,,,,

 

 

 

De bonne heure je suis parti, Monika est rentrée cette nuit sans faire de bruit me laissant dormir, je me suis levé sans la réveiller, Un mot sur la table de la cuisine – À ce soir je t'aime.

La ruelle est toujours aussi déserte et semble se refermer derrière mes pas, un chat immobile me fixe du haut de son perchoir,

Il est là, semble m'attendre derrière son comptoir, je bredouille quelques mots.

Il me tend la pochette, je me sens obligé de l'ouvrir pour la refermer aussitôt.

Mon Dieu, Monika , qu'a-t-il fait !!!

Je règle le montant de la facture et sors de ma sacoche une enveloppe sur laquelle en haut à droite j'ai écrit à l'encre bleue, Monika 21- 22 ans.

 

Valentin 4

  • Monika ? Ainsi, elle s'appelle Monika... Un prénom étrange pour une belle femme...

chambre4Ma remarque n'a fait que le troubler davantage. Il a bafouillé un remerciement maladroit et confus. Je ne voulais pas lui faire peur. Il ne s'est pas attardé, juste le temps de me dire qu'il souhaitait des tirages en format plus grand, du 20 X 30 sur papier glacé. Notre conversation s'est arrêtée là. Au moment de partir, il m'a tendu la main et, l'espace d'un instant, nos regards se sont croisés. Dans ses yeux, j'ai lu à livre ouvert l'étendue de son désarroi, celui d'un homme tiraillé entre l'amour exclusif qu'il porte à cette femme et l'impétueux désir de la montrer, de la partager. Quels seront ses sentiments lorsque, de retour chez lui, il regardera plus longuement les tirages qu'il emporte dans sa serviette de cuir ? Par sa brusque réaction à l'ouverture de la pochette des photos, je sais déjà que le charme a opéré, comme à chaque fois. Désormais, il ne peut plus reculer ; je suis dans la place, ce n'est qu'une question de temps, de patience.

En attendant, penché au-dessus de la table lumineuse, j'examine les deux négatifs qu'il vient de me confier. Je vais d'abord les tirer en diapositives qui viendront enrichir ma collection personnelle.

Le tirage sur papier ne m'a pris qu'une petite demi-heure. Suffisant pour me la révéler sous un jour nouveau. Sur les premiers clichés, je l'avais découverte mutine, la voilà désormais féline. Sans doute son abondante chevelure et son pantalon léopard y sont-ils pour beaucoup. Mais, il y a autre chose.. Je la devine câline, ronronnante, mais aussi sur ses gardes, prête à chaque instant à sortir ses griffes et à bondir. Une vraie chatte aux yeux de velours.

Le soir-même, après avoir baissé le rideau de fer, je suis descendu au sous-sol du magasin pour rejoindre l'antichambre des secrets. C'est une pièce carrée, aux murs entièrement enduits d'une peinture noire très mate qui absorbe toute la lumière. Au centre de la pièce, il y a un fauteuil de velours rouge, à côté d'une sorte de grand cube aux parois de verre. Sur les quatre murs de la pièce sont fixés des miroirs à l'inclinaison si particulière que jamais l'on ne peut s'y voir. Et, dans un coin, près de la porte, il y a le projecteur de diapositives où j'ai glissé une photo de Monika dans le porte-vues. J'ai allumé la lampe et, lentement, au fur et à mesure que la lumière devenait plus intense, l'image en trois dimensions de la jeune femme renvoyée, multipliée puis focalisée par les miroirs est venue prendre forme et corps, en trois dimensions, au centre de la cage de verre. J'ai pris place dans le fauteuil, face à l'hologramme grandeur nature de la jeune femme, si près que s'il n'y avait les parois de verre je pourrais tendre la main et la toucher. Elle est là, assise en tailleur sur le lit blanc, avec la cascade de ses cheveux blonds qui ruisselle jusque sur ses mains. Un étrange dialogue s'installe entre nous : dialogue des regards, des lèvres, des corps qui se montrent sans se dévoiler. On se parle sans l'aide des mots. Je lui raconte comment il y a très longtemps, sur l'île de Madagascar, à Antsirabé, un sorcier mérina m'avait initié à l'envoûtement des images. Elle m'écoute patiemment en souriant, la tête un peu penchée en signe d'affection... Puis, tard dans la nuit, elle me confie des désirs inavoués, des fantasmes inavouables... Avant d'éteindre la lampe du projecteur, j'approche mon visage de la paroi de verre comme pour déposer sur sa bouche un peu moqueuse l'esquisse d'un baiser.chambre4-5

Je la retrouve le lendemain soir, cette fois en collants noirs et tunique de soie rose, assise sur un lit à parure de tigresse. Dans le fauteuil, juste en face d'elle, je suis intégralement nu. C'est pour cela qu'elle ferme les yeux, pour jouer les sainte-nitouche. Mais je ne suis pas dupe : son sourire en dit plus qu'elle ne le voudrait. Alors, le sexe dressé, battant sur mon ventre, je lui parle de ses cuisses que je devine prêtes à s'ouvrir, de sa tunique retroussée qui laisse deviner sa hanche, de son ventre avide de toutes les caresses, de la tentation du lit et de ses étreintes. Elle rit, secoue sa crinière et me laisse jouir pendant que mon regard remonte très haut entre ses cuisses habillées de noir.

 

chambre4-6

Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 30 septembre 2014 2 30 /09 /Sep /2014 13:32

Suite de l'improbable rencontre entre Philippe, Valentin et Monika...

Philippe # 3

 

chambre3J'avais osé, osé la déposer dans des mains étrangères. Certes les photos étaient sages et chastes mais je compris bien que l'homme n'était pas dupe.

À peine avais-je quitté sa boutique qu'il baissa le vieux rideau de fer, allait-il se précipiter dans sa chambre obscure et plonger Monika dans ses bains d'alchimiste ?

Je n'avais fait que quelques pas dans la ruelle et son visage disparut de ma mémoire, seul son regard m'obsédait.

De retour à la maison, je fus saisi d'un sentiment étrange : celle qui partageait ma vie depuis tant d'années n'était plus la même ou plutôt mon regard sur elle était modifié.

Je ne pus m'empêcher d'admirer les ondulations de sa croupe, de plonger mes yeux dans son décolleté chaque fois qu'elle se penchait devant moi. J'en arrivais même à me demander si les parfums de son entrecuisse m'étaient encore familiers.

Amour Phoenix renaissant des cendres du quotidien.

Quel étrange contrat avais-je signé là ? Peu importait, mon amour pour elle déferlait en vagues croissantes...

chambre3-2

Valentin # 3

chambre3-1J'ai passé toutes les nuits de la semaine dans le ventre rouge du labo. Comme je l'avais deviné au premier coup d'oeil sur les négatifs, sa longue chevelure bouclée était blonde. Son visage encore juvénile fixait l'objectif de ses grands yeux sombres. Il y avait quelque chose de joyeux, d'effronté dans son regard, impression que renforçait la petite fossette de son menton. Sa bouche souriait aussi, sans affectation... Bouche sensuelle qui appelait les baisers et sans doute d'autres caresses plus subtiles, plus profondes...

J'avais méticuleusement préparé le cérémonial et aucun soupçon de poussière ne viendrait troubler l'objectif de l'agrandisseur. Son image en négatif est projetée en grandeur nature sur le plateau blanc. J'effleure déjà le velouté de sa peau. Papier brillant, pas trop dur. Vingt secondes d'exposition à faible ouverture, de façon à conserver à la peau sa douceur presque enfantine. Je glisse la feuille encore immaculée dans le bac de révélateur. À mains nues, je caresse tendrement le papier qui baigne dans sa solution un peu huileuse. Les yeux « montent »les premiers ; deux points noirs qui me regardent, puis l'ourlet de sa bouche qui sourit, et, lentement, tout son visage apparaît avec ses ombres, ses courbes et ses clairs-obscurs. Je laisse agir la chimie. Mes doigts ne cessent de caresser ce visage, d'en prendre possession car elle est déjà mienne.chambre3-6

Bientôt l'image se stabilise. Il est temps de lui administrer le traitement rituel, celui qui va lui insuffler une seconde vie. Dans la douceur utérine du labo, je suis intégralement nu. Le sexe tendu à tout rompre au-dessus du bac de révélateur, j'éjacule de lourdes giclées de sperme qui éclaboussent la photo à peine révélée. De plat de l'index, j'en masse les lèvres et les yeux de la jeune femme. Jamais elle n'aura été aussi belle que sur cette photo et personne ne saura d'où lui vient cette incroyable beauté qui éveillera chez ceux qui la regarderont un désir à nul autre pareil. Hommes ou femmes, adolescents ou vieillards, ils éprouveront tous la même émotion intense, le même besoin de posséder son corps. Peu à peu, mon sperme filandreux se mêle aux cristaux d'argent et finit par s'y dissoudre entièrement.

 

Ensuite tout n'est que routine : bain d'arrêt, fixateur, rinçage et séchage. Épuisé, j'ai rangé les tirages dans une pochette, établi la facture et dormi à en oublier les heures et les jours.  

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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